L’ancien ministre, ex-dirigeant du parti Attayar et avocat, Mohamed Abbou, a vivement critiqué les déclarations officielles justifiant le recours aux procès à distance par des « menaces sécuritaires » ou des « risques d’attentats ». Dans un post publié, vendredi 31 octobre 2025, sur les réseaux sociaux, il a fustigé ce qu’il qualifie de « mensonges absurdes », estimant qu’ils portent atteinte à la crédibilité de l’État et à son image.
« Nous avons un régime qui ose répéter les mensonges les plus absurdes, comme l’existence de complots, de plans d’assassinats et d’un danger réel lors du transfert de prisonniers vers le tribunal — ce qui ne peut signifier qu’une seule chose : la possibilité d’une attaque terroriste pour les libérer ! », a-t-il écrit. Et d’ajouter : « Si l’on croit à ces balivernes, cela voudrait dire que notre pays est incapable d’assurer la sécurité d’un convoi de détenus ou d’un tribunal. Alors comment pourrait-il protéger les Tunisiens, les touristes et les résidents ? »
Mohamed Abbou a dénoncé une instrumentalisation politique de la question sécuritaire, estimant que « pour une petite bataille politique, on sacrifie la crédibilité de l’État, sa sécurité et son image, à l’intérieur comme à l’extérieur ». Il s’est interrogé, non sans amertume : « N’y a-t-il donc personne, au sein même de l’État, pour le conseiller ? ».

Cette déclaration intervient dans un climat de vives critiques suscitées par les procès à distance dans plusieurs affaires dites de « complot contre la sûreté de l’État ». De nombreux avocats et organisations professionnelles, dont l’Ordre national des avocats de Tunisie, ont rejeté cette procédure, y voyant une atteinte au droit à un procès équitable et à la présence physique de la défense.
Plusieurs figures politiques et juridiques parmi les détenus, dont l’ancien magistrat Ahmed Souab, ont également refusé d’y participer, considérant qu’il s’agit d’une tentative de « légitimer des procès menés en l’absence des prévenus ».
M.B.Z












