
Par Nizar Bahloul
Voilà, ça y est. En ce 3 janvier 2008, un pas est franchi. Un saut est effectué et une barrière est traversée. Nous y voilà dans l’inconnu de ce que va être notre vie à un baril à cent dollars. Désormais, tous les excès sont permis. Une fois que nous avons franchi la barrière psychologique des cent dollars, rien n’empêche le baril de monter à 110, 120 ou 150. Tout lui est permis.
Pour nous, par contre, très peu nous sera permis désormais. Il n’y aura pas que le carburant qui augmentera de prix. Tout est lié. Dans chaque maillon de la chaîne, il y a quelqu’un qui verra ses factures augmenter à cause de l’augmentation des prix du carburant et de l’énergie. Et chaque maillon répercutera cette augmentation sur ses prix. Qu’il soit fabricant de yaourt, de meubles ou de casse-croûte, personne n’y échappe. C’est le consommateur final qui casquera.
Pendant ce temps-là, les pays producteurs se frottent les mains. A commencer par nos « frères » membres de la Ligue Arabe. J’ai une pensée également pour nos voisins immédiats. Ils en ont de la chance, eux, d’être nés sur un sol bien riche en or. Pour nous, c’est le noir de ce côté géologique et on ne devra compter que sur nous-mêmes pour affronter le long hiver qui montre son nez. Un hiver qui ne durera pas quelques mois, mais des années. On s’y habituera. De toute façon, nous n’avons guère le choix. 
Comment compter sur nos capacités pour affronter le pétrole qui monte et la mondialisation cuisante ? Par le travail et le sacrifice. Qu’on augmente nos heures de travail et qu’on réduise nos heures de congé et de vacances. Qu’on supprime cette séance unique, un non sens de nos jours. Que l’on forme au mieux nos diplômés de l’enseignement supérieur pour que les employeurs les embauchent. Qu’on multiplie nos produits touristiques avec toutes les richesses naturelles que nous avons et que les TO qui proposent la destination Tunisie cessent de ne vendre que du soleil et de la mer. Que l’administration s’assouplisse pour favoriser l’entreprise et la création de richesses.
Les chantiers sont nombreux et tout ce que je viens de dire figure déjà dans le programme du gouvernement et a été maintes fois dit par le Président de la République. 
Reste l’application. On peut montrer aux gens leur intérêt et les avertir des dangers qui les guettent. On ne peut les pousser à l’exécution sur un coup de baguette magique. Un grand travail pédagogique reste à fournir pour ce faire. Il faut alarmer. Le pétrole à cent dollars doit nous pousser à réagir illico presto. Nous ne sommes par un pays pétrolier et nous n’avons que notre matière grise et notre sueur pour survivre. Qu’on se le dise, qu’on le crie sur tous les toits. Il y va de notre avenir à tous. 










