Par Nizar BAHLOUL
Sim salabim. La Société Tunisienne d’Electricité et du Gaz nous a sorti la semaine dernière une idée lumineuse de son chapeau. Une idée que nous avons vu ailleurs, dans des pays développés, et qu’on importe sans aucun droit de douane. Elle a appelé les citoyens à éteindre dimanche 24 février 2008 à 19 heures tapantes une ou plusieurs lampes. Les résultats attendus, dit la Steg, vont réserver d’agréables surprises à l’opinion publique quant aux économies qui peuvent être obtenues par ce petit geste. Il s’agit, on l’a compris, de participer aux efforts de maîtrise de l’énergie, compte tenu de la conjoncture internationale actuelle et ses répercussions sur l’économie nationale.
Le Tunisien n’est, semble-t-il pas, sensibilisé suffisamment à l’utilisation rationnelle de l’énergie et la Steg entend donc le sensibiliser davantage. 
En apparence, l’idée part de bonnes intentions. Mais en apparence seulement, car comme beaucoup d’autres, il ne s’agit que d’une fausse bonne idée. Cette même fausse bonne idée a d’ailleurs été pratiquée en France, il y a quelques jours à l’occasion de l’anniversaire du protocole de Kyoto et on n’a pas manqué de la critiquer.
Dans son style fin et inégalable, le chroniqueur du Nouvel Obs, Delfeil de Ton, a émis la réflexion et l’idée suivantes : « au lieu de cesser d’illuminer de temps à autre, une heure par-ci, une heure par-là, sites et monuments raplatis par des éclairages permanents qui les figent et leur ôtent toute vie autonome (…) laissons sites et monuments dans l’ombre quand il fait nuit, comme ils sont dans la lumière quand il fait jour, et éclairons-les, illuminons-les une heure par-ci, une heure par-là, pour amuser les enfants et complaire aux esprits simples. C’est ça, qui serait logique et écologique. »
Comme la Steg importe des idées qu’elle croit bonnes, nous avons fait de même et nous sommes allés faire un tout petit tour à Tunis, du côté de l’avenue Mohamed V, l’une des principales artères de la capitale de la Tunisie et les rues avoisinantes où il y a, justement, le siège de la Steg. Question de voir si nos « bâtiments publics » participent aux efforts des citoyens pour l’économie d’énergie.
Eh bien non ! comme nous l’aurions parié ! Sur l’avenue Mohamed V, on ne compte pas les buildings des banques publiques
et privées fortement éclairés la nuit. STB, BNA, BTS, Amen Bank, tout y passe et on n’a cité que ceux-là. Nos lecteurs peuvent s’amuser à aller compter le reste des grands bâtiments de la capitale fortement éclairés la nuit, juste pour faire soi disant beau.
Les meilleurs exemples viennent cependant de celui qui donne les leçons. La Steg dans ce cas précis. Nous avons fait un petit détour samedi dernier vers 21 heures question de voir si la compagnie sait donner l’exemple. Eh bien non ! comme nous l’aurions parié aussi.
De grands projecteurs (ceux qui consomment le plus) éclairent les parkings derrière les bâtiments du siège en ce soir de week-end. Les halls d’entrée de ces bâtiments du siège à droite et à gauche de la rue Kamel Ataturk sont fortement éclairés également, comme lorsque les portes sont ouvertes au grand public. Nos photos en témoignent d’ailleurs et parlent d’elles-mêmes.
C’est fortement bien de donner des leçons aux citoyens lambda que nous sommes, mais qu’on nous explique pourquoi la Steg éclaire la nuit ses hall d’entrée avec toutes les lampes qu’elle possède, qu’elle éclaire ses parkings avec tous les projecteurs qu’elle a, et pourquoi nos banques et grandes sociétés éclairent leurs grands bâtiments ? Pour faire beau ? On pourrait s’en passer volontiers dans le cadre de l’effort national d’économie d’énergie. La lumière des réverbères et de la lune nous suffiront pour
« admirer» l’architecture de ces buildings. Comme l’a dit De Ton, éclairons ces bâtiments de temps à autre les jours de fêtes. Cela suffit et pour celui qui veut vraiment admirer ces « merveilles architecturales », il pourra toujours attendre le jour. Après tout, ce musée à ciel ouvert coûte fortement cher au contribuable.
A force de donner des conseils au citoyen sans qu’on ne les applique à soi-même, tout l’effort risque de partir en vain. Des idées lumineuses, nous en aurons toujours besoin, mais ce serait bien qu’elles soient vraiment lumineuses !
STEG : Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais !

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