Renvoyée aux calendes grecques plus d’une fois, la question du Nouveau Modèle Économique (NME) des agences de voyages revient sur le tapis. Alors que l’ensemble, du moins l’écrasante majorité des compagnies aériennes, l’ont imposée depuis des mois, la majorité des compagnies exerçant en Tunisie, semblent vouloir attendre la position de Tunisair qui ne s’est toujours pas prononcée. Le souci de la compagnie nationale serait de ne pas alourdir encore le pouvoir d’achat du citoyen avec cette question de commission zéro (ou à 1%) et son remplacement par des frais de dossier. Les agences, elles, seraient décidées à passer au cap supérieur dès le 1er avril 2008 en adoptant le NME. Elles seraient également décidées à garder, pour un temps, la commission de 7% ! En clair, elles auront le beurre et l’argent du beurre en attendant que les compagnies s’alignent au NME !
Tunisair semble encore non concernée par l’entrée en vigueur du nouveau régime de rémunération des agences de voyages. Pourtant, et depuis le 1er juillet 2007, toutes les compagnies à l’échelle internationale, se sont alignées sur cette décision qui a ramené la commission des agences de 9% à 7% en une première étape et ensuite à 1% en dernier lieu. Ce qui est, en fait, l’équivalent d’un dé-commissionnement total des agences de voyages. Avec ce Nouveau modèle économique, les agences devraient trouver leur compte en appliquant des frais de dossiers à leur clientèle.
La compagnie nationale a cependant choisi de faire autrement. Choix imposé par différentes raisons. Le 1er juillet 2007, il était hors de question de faire appliquer ce nouveau régime de rémunération des agences de voyages à défaut d’information de la profession. Est-ce à la compagnie de le faire alors que les agences travaillent, en théorie, avec toutes les compagnies et sont déjà bien informées ? N’empêche. Tunisair et la tutelle voulaient remplir cette mission, histoire de préparer le terrain, et ensuite appliquer la mesure. Mais, il semble que la période qui a été décidée pour sensibiliser les agences de voyages, était insuffisante. Car, le 1er novembre, la commission 1%, n’est pas entrée non plus en vigueur. A ce moment là, il était plus difficile de comprendre cette situation et de trouver des explications logiques. Les compagnies étrangères opérant en Tunisie ont aussi reporté l’application du dé-commissionnement, à l’exception d’Air France et Air Europa qui dès le 1er juillet, n’ont pas joué les prolongations inutiles. Car, de toute façon, il s’agit d’une mesure incontournable qui concerne le secteur de par le monde et on ne voit pas de raison pour excepter la Tunisie.
Lors du 3ème report, l’étonnement était à son comble. C’est que le 1er janvier était la date finale prévue pour l’entrée en vigueur du nouveau régime. Mais, encore une fois, il n’y avait rien à la grande surprise de tout le monde. A ce moment là, on se demandait ce que Tunisair trouverait comme excuse pour justifier un énième report. La Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (FTAV) a fini par se rendre à l’évidence d’un échec des négociations avec le transporteur national. D’autant plus que cette fois-ci, on n’annoncera pas de nouvelle date. Ce sera un report indéterminé.
Mais depuis ce temps, la FTAV n’a pas baissé les bras. On considère qu’il n’est pas normal de continuer à travailler dans une situation floue. La profession était largement informée et il ne sert absolument à rien de repousser une échéance incontournable. Il a été alors décidé récemment par la FTAV de faire appliquer le nouveau mode de rémunération par toutes les agences agréées IATA et affilées à la Fédération, et ce à partir du 1er avril. Info ou intox ? Tout le monde s’accorde à dire que cette fois-ci, c’est bon, on y est et les agences vont se mettre au niveau de leurs homologues internationales.
Selon une agence contactée par Business News, on va non seulement adopter le nouveau modèle économique (soit les frais de service), mais on va garder en plus la commission de 7% accordée par les agences (à l’exception de celles qui sont déjà passées au NME). En clair, les agences vont bénéficier du beurre et de l’argent du beurre. « C’est pour compenser deux ans de tergiversations », nous dira l’agence, question de se justifier de ce qu’on pourrait appeler un passage en force. Un passage qui avantage les agences (en théorie) et pourrait désavantager le passager. Face à cette nouvelle donne, ce dernier pourrait se diriger directement vers les guichets de la compagnie, plutôt que son agence de voyages, question d’épargner les frais de dossier. Faut-il qu’il le sache ! Les agences ne comptent cependant pas duper le client et vont l’informer à travers une grille tarifaire accrochée sur les murs et qui serait dûment visée par la FTAV !
Cette décision témoigne de la détermination des professionnels qui ont assez attendu en vain. Or, ce qui se passe relève incontestablement du paradoxe. Car, rien ne justifie l’attitude du transporteur national qui, en guise d’excuse, a sorti la carte du pouvoir d’achat du citoyen.
En effet, M. Nabil Chettaoui, le PDG de Tunisair a expliqué lors d’une brève rencontre avec par les journalistes présents au vol inaugural de Sevenair Tunis- Gabès, que ce report a été décidé par souci de préserver les intérêts du citoyen. En d’autres termes, le ministère de tutelle et la compagnie nationale estiment que les frais de dossier qui seront supportés par le consommateur tunisien conformément au nouveau mode pèseront lourd sur son budget. Et il s’agit là d’une raison suffisante pour tout remettre en question.
Concernant les autres compagnies, on s’interroge si elles attendent de voir l’attitude de Tunisair pour la suivre et appliquer aux agences la NME. Une source dans une compagnie aérienne étrangère a réfuté totalement cela et nous a déclaré que sa direction réfléchit à trouver la meilleure formule avant de passer à la commission 1%. « On n’attend personne, on ne suit personne, on prend notre temps avant de nous décider. Chaque compagnie fait ce qu’elle veut là où elle voit ses intérêts », nous déclare notre source.
Du côté de la FTAV, et d’après une interview publiée il y a quelques semaines par le quotidien arabophone Echourouq, M. Ridha Baccar, secrétaire général de la FTAV, a déclaré que ce qui s’est passé jusqu’à présent n’est pas du tout acceptable dans la mesure où les agences de voyages ont (dès que la réflexion avait été entamée concernant le système de frais) investi des montants importants pour modifier leur modèle de rémunération et pour la mise en place d’un système informatique propre au nouveau régime (SFM). Ceci en plus des dépenses concédées par certaines agences dans la formation de leur personnel et leur recyclage en prévision du nouveau régime.
M. Baccar, va même jusqu’à parler de plainte en justice contre les compagnies !
En clair, on a l’impression que le feuilleton va connaitre encore quelques épisodes après le nouveau rebondissement (s’il se confirme) des agences le 1er avril prochain. Les compagnies réagiront-elles ? Les agences joueront-elles toutes le jeu, alors que certaines d’entre-elles craignaient énormément le NME ? Que décidera Tunisair et comment réagiront les autorités ? C’est ce que nous saurons dans les prochains épisodes !
Cette fois, ce ne serait pas un poisson d’avril !

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