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«Votre déception est explicable, mais non fondée»

Dans le patio de la Résidence de France à la Marsa, sur un fond sonore de jet d’eau avec une météo printanière en fin d’après-midi, Eric Besson, secrétaire d’Etat français chargé de la Prospective, de l’Évaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie numérique a eu une brève rencontre avec quelques journalistes, vendredi 11 avril. Il a été question des patrons tunisiens (et de leur patron), de liberté de ton, du climat de l’investissement et, surtout, de l’Union Pour la Méditerranée.

On le connait. Forcément ! Il faut vraiment être gauche ou de très mauvaise foi pour prétendre le contraire. Eric Besson, secrétaire d’Etat français chargé de la Prospective, de l’Évaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie numérique est l’un des « ministres-vedettes » des trois gouvernements Fillon qui a beaucoup fait parler de lui lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Ce qu’on sait de lui à travers les médias français (un homme pragmatique et gagneur), nous ne pouvons que le confirmer lors de cette brève, mais fort sympathique, rencontre à la Résidence de France à la Marsa aux côtés de son hôte M. Serge Degallaix, ambassadeur de France à Tunis.
Eric Besson est en visite en Tunisie pour deux journées durant lesquelles il a eu à donner une conférence à l’Ecole Nationale d’Administration et une intervention au colloque de l’Economiste maghrébin sur le thème « Nouveaux Etats membres de l’UE et pays méditerranéens : partenaires ou concurrents ».
De ce colloque, il nous avoue garder les meilleures impressions. « Je suis étonné par la liberté de ton des intervenants. Je suis surtout impressionné par l’intervention de grande qualité de M. Hédi Djilani, patron des patrons, dont le discours s’est fait sans aucune langue de bois. » Diplomatie ? Nous en doutons fort (connaissant M. Djilani) tant la sincérité se dégageait des yeux bleus de M. Besson.
Il en dira de même sur l’intervention de M. Habib Karaouli, président de la Banque d’Affaires de Tunisie et de celles de plusieurs autres intervenants de la salle.
De quoi s’agissait-il ? Des « nouveaux » pays européens et des pays méditerranéens qui veulent s’arrimer à l’Europe. Sur les pays de l’Europe de l’Est, M. Besson reprend ce qui a été dit le matin même dans le colloque. Quand on dit que ces pays sont de nouveaux pays de l’Europe ou encore les pays de l’Europe de l’Est, on suggère dans la phrase un rappel à un passé communiste. Or c’est faux, aujourd’hui, ces pays font partie de l’Europe des 27 autant que les autres. Il n’y a donc pas à les considérer autrement.
M. Besson relève ensuite les multiples interrogations autour du projet du président Sarkozy, celui de l’Union pour la Méditerranée. Tout en soulignant de nouveau la liberté de ton observée, il fait part de l’inquiétude observée par les pays du Sud à ce projet tel qu’il est aujourd’hui, bien différent de celui qu’il était lorsqu’il fut annoncé par le candidat Sarkozy.
« La France a pris l’initiative de ce projet et l’Europe aurait pu dire, faites-le, cela ne nous regarde pas. Or que s’est-il passé ? L’Europe a manifesté son intérêt et a déclaré que ce projet est également le sien. Même si le processus de Barcelone n’a pas bien avancé, nous Européens sommes également intéressés par la Méditerranée. » Il rappelle que l’Europe des 27 dans l’Union pour la Méditerranée a beaucoup plus à donner que les pays riverains seuls entre eux.
De là, Besson conclut que la déception des Sud-Méditerranéens est explicable et compréhensible (au regard du projet initial et celui actuel, mais elle est non fondée. »
Il n’oublie pas sa casquette de secrétaire d’Etat à la Prospective et pronostique que cette déception se dissipera lors du Sommet des Chefs d’Etat prévu le 13 juillet à Paris.
En attendant, ses services préparent un document de travail présentant ce que sera la Méditerranée dans 10-15 ans. Ce document sera présenté à une réunion de ministres méditerranéens en juin prochain à Marseille et l’objectif est qu’il y ait un accord entre tous les pays sur ce document avant qu’il ne soit transmis aux Chefs d’Etat le 13 juillet.
Il fait part de la remarque marocaine à propos de ce projet et la prend à son compte : « Ce projet est excellent, mais ramenons tout cela à des projets concrets et réalisables. Ne célébrons pas seulement un hymne à la Méditerranée ».
Il n’en dira pas davantage sur les différentes questions posées vu qu’elles dépassent ses prérogatives. Il fait cependant part de son grand optimisme et du grand optimisme actuel du président Nicolas Sarkozy. « J’ai eu des tête-à-tête avec lui autour de l’Union pour la Méditerranée et je peux vous dire qu’il y tient énormément. Il n’était pas obligé de me le dire. Il est sincère. »
Interrogé sur la question du siège s’il sera ou non à Tunis, Eric Besson a déclaré n’en rien savoir.
Pressé par le temps, il a dû nous quitter (non sans regret) tout en prenant soin de donner son adresse mail personnelle pour continuer les questions-réponses ultérieurement.
Le lendemain, samedi 12 avril, M. Besson a été reçu par M.Mohamed Ghannouchi, Premier ministre. Il a indiqué, dans une déclaration à l’Agence Tunis Afrique Presse, que l’entretien a porté sur les préparatifs de la prochaine visite du président français en Tunisie.
Il a ajouté que cet entretien a permis de passer en revue la situation de la coopération entre les deux pays amis dans plusieurs secteurs dont l’économie numérique, les technologies de la communication et de l’information et les infrastructures, et de prospecter les moyens susceptibles de la diversifier et de la renforcer. M. Besson a été également reçu par M. Zouheir M’dhaffar, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Fonction publique et du développement administratif.

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