Une cellule de veille et de suivi est mise en place pour étudier l’évolution de la crise financière internationale. De même qu’un contact permanent est établi avec les principaux Tours Opérateurs pour examiner les tendances du marché, vu l’importance du marché européen qui draine quelque quatre millions de touristes vers la destination Tunisie. Dans l’interview exclusive qu’il a accordée à notre consœur Réalités, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Khelil Laajimi, a évoqué pratiquement toutes les questions relevant du secteur, entre autres le bilan des neuf premiers mois de 2008, le budget consacré à la promotion du tourisme et l’émergence des TO tunisiens opérant à l’étranger, le bradage des prix, l’ »open sky », la forte concurrence avec des destinations similaires, le tourisme intérieur, la mise à niveaux des établissements hôteliers.
« Cartes sur table avec M. Khelil Laajimi, ministre du Tourisme », tel est le titre de l’interview du ministre, conduite par le directeur de notre consœur Réalités. « Incontestablement, Khelil Laajimi, maîtrise son sujet », devait reconnaître Taïeb Zahar à l’issue de cette interview exclusive qui restera dans les annales.
La première question a trait à la crise financière qui demeure d’une actualité brûlante. Le ministre annonce l’installation « d’une cellule de veille et de suivi au sein du ministère du Tourisme et de l’Office national du tourisme tunisien, à travers de nos représentations à l’étranger pour voir l’évolution du marché. Indéniablement, la crise financière se traduit, et les événements le prouvent aujourd’hui, par un ralentissement de l’économie, sinon par une récession. Quel sera son impact et quelle sera sa durée ? Tout porte à croire que 2009 sera une année où il y aura probablement une récession en Europe. Or le marché européen est un marché important pour nous : nous avons quatre millions de touristes européens qui visitent la Tunisie. Cette récession va se traduire par un impact direct sur chaque consommateur européen qui va réduire ses dépenses, y compris celles de loisirs et de voyage vers la Tunisie… Nous allons suivre de près tous ces évènements. Nous sommes en contact permanent avec les TO et les fédérations tunisiennes. J’espère pouvoir dire que la saison 2009 ne s’annonce pas trop mauvaise ».
Les appréhensions de M. Laajimi sont toutefois tempérées par le bilan qu’il a fait des neuf premiers mois de 2008 : « Les indicateurs principaux de l’activité touristique, c’est-à-dire les entrées en Tunisie des non résidents étrangers, les recettes touristiques en devises et les nuitées globales réalisées par l’hôtellerie tunisienne sont en augmentation appréciable, en particulier pour les recettes avec une augmentation de 9.1% en dinars (soit 4.6% en euros) et ce malgré une conjoncture touristique internationale marquée par les hausses vertigineuses des prix de l’énergie et des matières premières et une crise financière de première importance.
Quant à nos parts de marché, les quatre principaux marchés européens (France, Allemagne, Italie et Grande Bretagne), elles se consolident en France (+5.1%), s’améliorent en Italie (+2.5%) et en Allemagne (+1.8%), d’ailleurs nous avons réussi à stopper l’hémorragie. Mais en Grande-Bretagne (-18.8%) des raisons structurelles liées à la consolidation du marché du tour-operating et au développement de l’activité aérienne « low-cost » où nous sommes absents. A cela il faut ajouter la modestie de nos moyens promotionnels face à une concurrence autrement pourvue. Ensemble ces facteurs ont contribué à affaiblir nos résultats sur le marché britannique… Le taux d’occupation des hôtels est passé de 55,8 % en 2000, le plus haut taux de l’Histoire du tourisme tunisien, à 51,7 % en 2007, car entre temps de nouveaux hôtels ont ouvert leurs portes et d’autres plus vieux, répondant moins aux spécificités de la demande, ont vu leurs parts décroître. Signalons à cet effet que les hôtels 4* de moins de dix ans d’âge connaissent en moyenne un taux d’occupation supérieur à 60% et tirent le tourisme tunisien vers le haut ».
S’agissant justement de la modestie des moyens promotionnels du secteur, le budget de 37 millions de dinars consacré à l’opération est jugé très en deçà des sommes allouées par les concurrents de la Tunisie. Le ministre a apporté deux précisions à ce sujet : « Un, nous vendons un produit de grande consommation et cela nécessite des budgets marketing adéquats. Deux, le budget marketing est un investissement et non pas un coût. Nuance très importante pour comprendre le fonctionnement de l’industrie touristique. Il est vrai qu’en matière de promotion touristique, plus les budgets sont importants plus les opportunités sont larges et que, quelle que soit l’importance du budget, le besoin d’en avoir encore plus est toujours présent. Toutefois, nous sommes profondément convaincus de la nécessité de renflouer davantage les caisses de la promotion touristique à travers d’autres apports, dans notamment des secteurs qui tirent profit directement ou indirectement de l’activité touristique. Des actions concrètes ont été retenues dans le cadre d’un redéploiement de notre politique promotionnelle. Elles ont été soumises à l’examen du gouvernement ».
Quant aux stands de la Tunisie dans les manifestations internationales, ils vont connaître des améliorations. M. Laajimi a annoncé « la mise en place d’un nouveau stand pour une nouvelle période de trois ans à partir de 2009. La nouvelle version de ce stand abritera la participation tunisienne à partir de 2009. Elle privilégiera un triptyque synonyme de modernité, de fonctionnalité et d’originalité… La promotion de l’offre touristique tunisienne revêt aujourd’hui et plus que jamais une importance cruciale, précisément au regard d’un contexte hautement concurrentiel, d’un foisonnement spectaculaire des nouvelles technologies de la communication et plus encore des changements profonds qui marquent les circuits de production et de distribution. Je tiens à préciser à ce titre que dans le cadre d’une redistribution des rôles en la matière, l’Etat ne cesse d’assumer, en fonction des moyens disponibles, sa mission de promouvoir l’ensemble de la destination tunisienne, et qu’il appartient à d’autres intervenants et aux régions de prendre le relais, chacun en fonction de son produit et de sa spécificité. C’est ce qui a amené l’administration du Tourisme à inscrire l’émergence de pôles touristiques à part entière, parmi ses orientations majeures, et ce à l’instar des plus grandes nations touristiques dans le monde. Chez nous, le cas de Djerba, qui a acquis une notoriété internationale, est édifiant ».
Et M. Laajimi de préciser «qu’aussi bien pour le programme de mise à niveau que pour les nouvelles normes de classement des hôtels, la qualité de services se doit d’être le facteur fondamental qui guide ces deux démarches. Notre secteur n’a désormais d’autre choix que d’investir convenablement la voie de la qualité totale. Si tous les intervenants sont convaincus de cette nécessité impérieuse et hautement stratégique pour l’avenir de l’activité touristique en Tunisie, les solutions pour d’autres problèmes qui entravent encore la marche de certaines entreprises touristiques seront tout naturellement au rendez-vous. En tout cas, l’administration veillera à ce que chaque étoile attribuée soit conforme aux normes de qualité et il n’y aura pas de laxisme dans le contrôle effectif que doit exercer l’administration en la matière.
Les tours opérateurs tunisiens sont au nombre de 70 environ, dont la majorité est établie en Europe. Pour le ministre, « l’émergence d’un plus grand nombre de TO tunisiens à l’étranger est certainement d’un grand apport pour le tourisme tunisien. Car au-delà des considérations d’ordre commercial et de profits, c’est la fibre nationale qui pourrait être déterminante dans le choix des affaires. Tout comme l’ensemble des Tunisiens résidant à l’étranger et qui bénéficient d’une constante sollicitude de la part du Président Zine El Abidine Ben Ali, ceux qui opèrent dans le secteur des voyages bénéficient également de tous les encouragements ».
Au sujet du tourisme intérieur, Le ministre a souligné que « l’Administration du Tourisme a mis en place une nouvelle stratégie de promotion, notamment à travers la création d’une centrale de réservation de séjours hôteliers destinés exclusivement aux touristes tunisiens dont le niveau de vie a, durant les vingt dernières années, connu une importante évolution leur permettant d’inscrire les vacances et les loisirs en bonne place dans leur budget. Deux ans après son lancement, cette expérience menée conjointement par l’Administration, les deux fédérations professionnelles du secteur et Amadeus Tunisie, a déjà donné des résultats, encourageants certes, mais qui restent perfectibles… Plus généralement, je dirai que toutes les démarches entreprises dans ce sens gagneraient aussi en efficacité si elles sont épaulées par tous les autres intervenants, notamment les organisations et autres associations relevant de la société civile. Le tourisme intérieur se doit, à mon sens, d’être un vecteur qui aide la famille tunisienne et au delà les générations montantes à découvrir la richesse naturelle, culturelle, historique et archéologique de la Tunisie dans toutes les régions et tout au long de l’année. C’est aussi un créneau qui est appelé à se débarrasser de cette vision étriquée synonyme uniquement d’un séjour hôtelier. Il s’agit de favoriser l’émergence d’une culture de vacances, de loisirs, de connaissance et de détente auprès de chaque Tunisienne et Tunisien ».
La qualité totale, avec l’implication de tous les intervenants, est une nécessité impérieuse

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