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A part les Etats-Unis, qui sont à l’origine de la situation catastrophique actuelle de la Tunisie ?

 

Par Rafik CHELLY    


 

Avant les événements de décembre 2010 et janvier 2011, la situation économique de la Tunisie était bien meilleure que celle d’aujourd’hui. Le pays n’était pas noyé dans des endettements excessifs qui pèsent et écorchent la souveraineté nationale comme c’est le cas actuellement. Les indicateurs sociaux se sont fortement dégradés et le taux de pauvreté est passé à 21% avec un taux de chômage atteignant les 18,4% de la population active et le comble une dette publique qui a atteint 89,7% du PIB.

Comment se fait-il que la Tunisie qu’on connait stable avec une bonne situation économique s’est effondrée d’une façon étonnante ? Il ne faut pas nier qu’au temps de Ben Ali la situation sociale n’était pas au bon fixe. Le chômage et surtout pour les diplômés inquiétait les autorités mais le pouvoir d’achat reste dans une fourchette acceptable malgré le fait qu’il soit touché vers la baisse et cela est dû principalement à la mauvaise distribution des richesses qui étaient entre les mains des membres de la famille de Ben Ali et consorts.

Cette situation socialement alarmante a été exploitée par les puissances étrangères et principalement les Etats-Unis afin d’installer des dirigeants acquis à sa politique. En effet, les Etats-Unis sont le principal instigateur du chambardement de la situation en Tunisie. Cela a bien été démontré par le rapport de Wikileaks qui parle du coup d’Etat  en disant : « Ce sont les domestiques d’Obama,  Cas Sunstein, Samantha Power, Robert Malley et l’International Crisis Group impliqués dans la déstabilisation de la Tunisie ».  Ce rapport publié le 16 janvier 2011 juste  deux jours après le départ forcé de Ben Ali indique que : « L’intelligence américaine vit aujourd’hui une exultation quasi obsessionnelle après le renversement réussi du gouvernement tunisien du Président Ben Ali ce week-end ». Le rapport poursuit en disant : « Le département d’Etat et la CIA, à travers des médias qui leur sont loyaux, alimentent impitoyablement le tapage médiatique du coup d’état tunisien  des derniers jours en tant que prototype de la deuxième génération des révolutions colorées, coups d’état postmodernes et déstabilisations populaires du pouvoir d’inspiration américaine ». Et ce rapport poursuit : « Les tumultes tunisiens sont décris dans la presse américaine comme la révolution du jasmin ». Donc même l’appellation de la révolution du jasmin est purement  américaine.

 

Toujours en citant la Tunisie, le rapport de Wikileaks indique que : « La Tunisie constitue probablement le premier cas où Assanges et Wikileaks  peuvent revendiquer de manière crédible d’avoir fait exploser le coup d’état ». Ils se basent sur les « excès sybarites et le style de vie somptueux du clan de Ben Ali et cela a joué un rôle clé poussant la petite bourgeoisie tunisienne dans les rues. En partie grâce à Assanges que les chaines de télévision occidentales ont ainsi pu montrer des images de la foule tunisienne brandissant des pancartes où on pourrait lire (yes we can) ». Le rapport ajoute que : « le danger est très grand en Tunisie car les forces qui ont renversé Ben Ali n’ont ni leader visible ni organisation politique de masse ».

En évoquant des agents de déstabilisation du régime d’Obama il indique que :  « Il est évident que la vague actuelle de subversion contre les pays arabes a été  lancée par la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton lors de son discours tant vanté la semaine dernière à Doha, au Qatar, quand elle a mis en garde les dirigeants arabes les appelant à procéder à des réformes économiques conformément aux règles du FMI et à éradiquer la corruption ou sinon de se retrouver face à l’exclusion ».

C’est un discours menaçant et qui semble n’avoir pas été pris en considération par les dirigeants arabes et qui implique directement le régime américain dans les événements survenus dans la région des pays arabes

Dans son ouvrage intitulé « Le choix difficile » Hillary Clinton en parlant de son projet de diviser les pays arabes et installer des dirigeants alliés aux Etats-Unis disait concernant la Tunisie la veille du 14 janvier 2011 : « Nous avons décidé via notre ambassade à Tunis de fermer l’espace aérien tunisien ».

Cela démontre sans aucun doute le rôle essentiel joué par les autorités américaines en vue de changer le régime du pays.

 

D’autre part, le directeur de l’agence centrale de renseignements la CIA, le général Michael Hayden, après avoir démissionné de ses fonctions a fait une déclaration prénommée « Bouleverser l’équilibre dans le monde » qui est considérée comme un deuxième aveu  après celui de Hillary Clinton. Il disait : «  Nous avons failli  à l’encontre du printemps arabe  en tentant des coups d’Etat en Egypte, en Tunisie, en Syrie et en Libye. C’était une planification irréfléchie et des milliards de dollars ont été dépensés au profit des organisations de la société civile et celles de défense des droits de l’Homme dans les pays présumés sans aucune raison. Les conséquences négatives étaient l’émergence de Daech en tant qu’organisation terroriste qui menace le monde ». Il faut préciser que le général Hayden fut le patron de la CIA sous les administrations Bush et Obama.

D’autres figures sont aussi impliquées lorsque le rapport de Wikileaks ajoute : « Une autre figure qui mérite d’être mentionnée est Robert Malley, un agent américain bien connu qui dirige le programme pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord à l’International Crisis Group (ICG), une organisation réputée pour fonctionner avec l’argent craché par Georges Soros conformément à des tactiques élaborées par Zbigniew Brzezinski (ancien conseiller de sécurité nationale du président des Etats-Unis  Jimmy Carter de 1977 à 1981).

Tout cela démontre que si la Tunisie est arrivée à cette situation économique catastrophique le responsable principal n’est autre que les Etats-Unis qui a utilisé plusieurs moyens en vue d’exécuter son plan dont le rôle joué par l’ICG. En effet, les révélations de l’auteur de ce rapport publié le 16 janvier 2011démontre bien l’ingérence étrangère dans les pays arabes  et principalement le rôle joué par « l’International Crisis Group », cette organisation américaine, accélérateur de ce qui a été appelé «  la révolution du jasmin ». On ne serait pas étonné qu’elle soit derrière les snipers qui ont été à l’origine de l’attisement des événements vécus avant et après la fuite de Ben Ali.

 

L’I.C.G. continuant son ingérence dans les affaires de la Tunisie  et profitant de la difficile situation économique et financière actuelle vient de publier un article intitulé : « Tunisie –vers un retour à la constitutionnalité » dans lequel il montre que devant les moyens limités dont disposent les dirigeants tunisiens, «  la pression étrangère et la surenchère populiste pourraient exacerber la polarisation entre forces pro et anti Saied et pousser Saied vers une répression croissante. Cette évolution pourrait à son tour attiser davantage les tensions et la violence augmentant le risque de troubles politiques ». Au lieu de s’inscrire du côté d’aide à la Tunisie et de trouver les moyens afin que ce pays puisse éviter le pire et réussir à traverser cette période difficile, l’I.C.G. continue ses manipulations  qui n’a pour objectif que concrétiser ce que Hillary Clinton avait voulu faire. Il pose même des conditions au soutien à la Tunisie en disant : « offrir à la Tunisie des incitations économiques supplémentaires si le Président Saied révise sa feuille de route politique pour y inclure un retour négocié à la constitutionnalité à travers un dialogue national impliquant les principaux groupes politiques ».  On dirait que cet article vient pour soutenir Ennahdha afin qu’elle refasse surface et reprenne les reines de l’Etat. L’importance que l’I.C.G. a, en tant qu’organisme américain qui a son poids et les suggestions  ou conditions qu’il propose, ne bénéficie qu’aux frères musulmans et cela grâce au rôle joué par les adeptes d’Ennahda se trouvant aux Etats-Unis afin de convaincre les organisations américaines à plaider leur cause.

 

L’article continue de décrire la situation en Tunisie d’une façon alarmante lorsqu’il ajoute : « Le trésor peut à peine couvrir les salaires dus aux travailleurs du secteur public ou honorer les engagements de remboursement des emprunts extérieurs dans un contexte d’augmentation de la dette publique. La dette privée a également explosé. Ces indicateurs pointent le risque d’une grave crise budgétaire et bancaire à venir, réduisant potentiellement le niveau de vie de nombreux tunisiens. A court terme la Tunisie pourrait être contrainte soit de restructurer sa dette publique en sautant dans les cerceaux du Club de Paris, soit de déclarer faillite ».

Après avoir été à l’origine des événements du 14 janvier 2011, ce qui a eu pour conséquences l’endettement exagéré dans lequel se trouve de nos jours le pays, l’International Crisis Group nous donne l’impression de savourer et d’apprécier les résultats de ses faits en se sentant dans l’impunité totale devant cette ingérence flagrante dans les affaires tunisiennes.

Ne s’arrêtant pas là, ce rapport continue d’une façon alarmante et menaçante de décrire la situation lorsqu’il parle du fait que le congrès américain envisage de subordonner l’aide financière et militaire à la Tunisie aux conclusions du département d’Etat américain concernant le rôle de l’armée dans les abus commis le 25 juillet, et il ajoute : «  si Washington réduisait effectivement son assistance , il pourrait y avoir des troubles au sein des forces armées ainsi que de nouveaux troubles dans la rue ».

Cela montre simplement l’arrogance des autorités américaines envers notre armée et le fait de s’immiscer dans les affaires intérieures tunisiennes en se plaçant en tant que juge qui décide de sanctionner éventuellement nos forces armées et l’International Crisis Goup se place en tant que tuteur insolent et menaçant envers la Tunisie.

D’un autre côté l’article démontre également la position  de l’Union Européenne envers la Tunisie en indiquant que le haut représentant de l’U.E. pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Joseph Borrell a déclaré que l’U.E. ne fondera pas ses actions sur des déclarations mais « sur des actions concrètes et des mesures prises par les autorités tunisiennes ». Il conclue en ces termes :   «  nous suivons de prés la situation dans le pays et prendrons des mesures en fonction de ses actions ».

 

En poursuivant d’énumérer les facteurs exogènes qui ont été la cause des difficultés vécues par la Tunisie  c’est le rôle joué par la France qui a eu pour conséquences l’anarchie qui sévit depuis onze ans en Libye ancien principal marché pour la main d’œuvre et les produits tunisiens.  Ainsi, la France, en contribuant à la destruction de l’Etat chez notre voisin du sud assume également une responsabilité fondamentale dans les malheurs vécus depuis 2011 à ce jour par nos voisins libyens et par ricochet les tunisiens.

D’ailleurs dans le même contexte, le Président Russe Poutine a déclaré dans son discours aux Nations Unis : «  Ce qui s’est passé en Egypte, en Libye, en Tunisie et en Syrie n’est pas une révolution, assez de mensonge, vous êtes en train de les appauvrir. Laissez-les tranquille ».

Se trouvant dans une situation nécessitant le soutien de l’aide étrangère, la Tunisie vit sous influence aussi bien des américains que des pays de l’Union Européenne c’est ce qui explique l’ingérence dans les affaires intérieures du pays. C’est en quelque sorte un néocolonialisme politique menaçant d’une domination étrangère au pays.

Nous concluons donc que les grands responsables de l’écoulement de l’économie tunisienne lourdement affectée par une crise politique sont l’ingérence étrangère et particulièrement les Etats-Unis en se basant sur les déclarations de plusieurs sources crédibles dont l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, l’ancien  directeur de la CIA et d’autres intervenants  comme l’International Crisis Group qui a lui-même publié un rapport en ce sens sans oublier la très mauvaise gouvernance  de ceux qui ont dirigé le pays depuis le 14 janvier 2011 à ce jour.

Si la Tunisie ne compte pas sur ses propres compétences et sur elle-même, elle sortira difficilement de ce gouffre avec la menace éventuelle de troubles intérieurs attisés par les islamistes quand bien même que les vrais responsables en l’occurrence les Etats Unis et à moindre échelle la France sans parler des consorts et qui sont à l’origine du soi-disant « printemps arabe » devraient assumer leur responsabilité en épongeant les dettes extérieures du pays. 

 

 

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