L’autre a envoyé ses sbires samedi dernier pour faire du show devant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens et celui de l\’UGTT, la centrale syndicale nationale. Ces sbires ont été ramenés en bus des quatre coins du pays pour venir manifester leur colère. La réponse a été magistrale, une simple affiche géante devant des locaux vides. Bravo Mahdi Jlassi, Amira Mohamed, Fahem Boukadous et tous les autres, you made our day.
Parler de Abir Moussi est la garantie de recevoir des injures de toutes parts. Surtout, cela ne sert à rien, la dame aime cliver, n’écoute personne et refuse catégoriquement qu’il y ait un son de cloche différent du sien. Combien pèse-t-elle déjà ? 190 mille personnes au meilleur des cas. C’est tout ? C’est tout. Elle n’est personne finalement. Plusieurs ont tenté de faire d’elle quelqu’un, elle insiste à demeurer personne. Qu’elle y reste.
Vendredi, un peu avant minuit, la présidence de la République publie un communiqué de la rencontre Kaïs Saïed – Brahim Bouderbala.
Pourquoi cette heure tardive, la veille d’un week-end ? On ne cherche plus à comprendre. Kaïs Saïed travaille à un rythme contraire au bon sens et à l’usage dans toutes les présidences du monde. Il ignore encore que l’on ne communique, tard la nuit, qu’en cas d’extrême urgence et de danger imminent. Lui qui n’a toujours pas de porte-parole ni de directeur de la communication ignore le b.a.-ba de la communication. Toute ma compassion à son équipe maudite.
Bref, le président de la République a donc reçu vendredi le président du Parlement pour le sermonner. Il lui a rappelé que ce parlement n’a pas de pouvoir législatif, il a juste une fonction. Il lui a rappelé aussi que les députés peuvent être limogés par le « peuple » et qu’ils n’ont pas le droit de migrer d’un bloc à un autre. Il lui a enfin rappelé que les députés ne sont pas au-dessus de la loi et qu’il est obligatoire que les prévenus dans des affaires pendantes devant la justice se voient lever leur immunité. Fin du communiqué.
Dans n’importe quel pays au monde, le Parlement est doté de pouvoirs à part entière. Dans n’importe quelle démocratie au monde, le Parlement est un véritable contre-pouvoir du pouvoir exécutif. C’est une question de bon sens, c’est comme ça que fonctionnent les États. Même l’empire romain, sous Jules César paix à son âme, avait un parlement qui empêchait l’empereur de gouverner à sa guise.
En Tunisie, Kaïs Saïed a rédigé tout seul une constitution et a créé un système unique au monde et dans l’Histoire dans lequel le Parlement ne représente pas un pouvoir, mais une fonction.
En guise de réponse, le peuple tunisien dans sa majorité a rejeté la constitution dont le taux de participation a été d’à peine 30%. Un pourcentage controversé, plusieurs croient qu’il est exagéré.
En dépit de cette claque du peuple, le président a poursuivi son chemin et a organisé des législatives à l’issue desquelles ont été élus quelque 161 « députés ». Des législatives tout aussi controversées, puisque le taux de participation a été historiquement bas avec 11,22%.
Malgré ces deux claques du peuple et ce rejet massif d’un processus alambiqué et unique au monde, les députés ont prêté serment et ont commencé à travailler sur la base d’une constitution qui les humilie et les met sous la coupe du pouvoir exécutif.
Dès lors, et au vu des textes constitutionnels et de leur acceptation totale de ces textes, les députés ne sont plus des parlementaires au sens universel du terme, ils sont juste des vassaux de Kaïs Saïed.
Partant, il devient tout à fait normal que ce dernier convoque leur président un vendredi soir pour lui remonter les bretelles. Le chef de l’État a même fait preuve de finesse, puisqu’il s’est limité au texte et n’a pas diffusé une vidéo du sale quart d’heure subi par Brahim Bouderbala.
Nous vivons des moments à la fois surréalistes et historiques. Partout dans le monde, y compris chez nous, il a existé et il existe encore, des parlements fantoches et des parlements de béni-oui-oui, mais partout dans le monde, y compris chez nous, on préserve les apparences et on présente, aux peuples, des législateurs capables de peser, un tant soit peu, sur les lois. Des parlements qui ont un semblant de pouvoir.
En Tunisie, Kaïs Saïed a créé le premier parlement de l’Histoire qui n’a pas de pouvoir, mais une fonction. Nous le savions déjà, depuis le 25 juillet 2022, mais là nous le vivons.
Sous nos yeux, nous avons 161 élus (parfois avec quelques centaines de voix) qui acceptent leur vassalité devant la caméra. Nous avons un président de Parlement, ancien bâtonnier, qui accepte d’être convoqué un vendredi soir pour se faire sermonner par le représentant du pouvoir exécutif.
Si Kaïs Saïed continue à asseoir son pouvoir hégémonique sur les pouvoirs existants avec succès, ce n’est pas seulement parce qu’il a les forces armées sous sa coupe, mais aussi parce qu’il y a des faibles face à lui.
Des faibles qui ont accepté de s’effacer et de jeter leur amour propre dans la poubelle en contrepartie d’un strapontin dans l’empire du Prince.
En retour, le Président n’est même pas reconnaissant à leur servitude, il les humilie publiquement.
Comment, dès lors, vont-ils confectionner des lois et contrer les projets du gouvernement ? Comment vont-ils contrer le pouvoir hégémonique du pouvoir exécutif ? Comment vont-ils travailler sereinement ?
À vrai dire, et comme l’écrasante majorité du peuple (88,8%), je m’en moque de ce qui leur arrive et de l’humiliation qu’ils subissent. D’ailleurs, ils n’en sont qu’au début. Mieux encore, c’est avec délectation que j’observe leur humiliation.
Dans l’Histoire, les vassaux n’ont jamais suscité de compassion. Ils ne suscitent que le mépris.
Pour nos 161 vassaux, ils ont à la fois le mépris de la majorité du peuple qui ne les a pas élus et celui du Président. Leurs confrères de par le monde se voient supérieurs aux présidents et aux ministres, eux ils sont condamnés à quémander un minimum d’égard du Président.










