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Une marée humaine de déplacés était en route lundi 27 janvier 2025 vers le nord de la bande de Gaza ravagée par plus de quinze mois de guerre dans le territoire palestinien, après un compromis de dernière minute entre Israël et le Hamas pour la libération de six autres otages.
Le gouvernement israélien a par ailleurs annoncé lundi que huit des otages retenus captifs dans la bande de Gaza, qui doivent être libérés dans les prochaines semaines dans la première phase de l’accord de trêve, étaient morts.
Le compromis de dernière minute entre Israël et le Hamas préserve le cessez-le-feu fragile dans ce territoire dévasté, dont la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants a été déplacée.
Dès l’ouverture du passage aux piétons, à 5 heures GMT, un flot ininterrompu d’hommes, de femmes et d’enfants chargés de bagages ou poussant des chariots s’est mis en marche sur l’artère côtière vers le nord du territoire palestinien.
De longues files de véhicules surchargés de bagages remontent également vers le nord sur un autre axe, plus à l’est. Selon un responsable de la sécurité de Gaza, « plus de 200.000 déplacés » avaient gagné le nord dans les deux premières heures.
Des foules s’étaient mises en route dès samedi, mais se sont heurtées, au niveau de la ville de Nousseirat, au refus israélien de les laisser passer via le corridor de Netzarim, qui coupe le territoire en deux au sud de la ville de Gaza.
« Victoire »
Israël, accusé par le Hamas de « violer » l’accord de trêve, avait invoqué la non-libération d’une civile captive à Gaza, Arbel Yehud, ainsi que l’absence d’une liste recensant les otages vivants et morts parmi les 87 encore détenus à Gaza, dont 34 déclarés morts par l’armée.
Dimanche soir, un règlement a été trouvé, le Hamas s’engageant à libérer trois otages jeudi, dont Arbel Yehud, 29 ans, et Agam Berger, vingt ans, enlevée alors qu’elle effectuait son service militaire près de Gaza.
Trois autres captifs à Gaza doivent rentrer chez eux samedi, comme prévu par l’accord de trêve, en échange de Palestiniens.
« C’est un sentiment formidable de rentrer chez soi, auprès de ses proches, et pour inspecter sa maison… s’il y a toujours une maison », confie dans la foule Ibrahim Abu Hassera.
« Nous nous sentons heureux, mais en même temps tristes, car nous avons perdu beaucoup de proches. Mon fils est un martyr », affirme une grand-mère, Entissar Al-Saeedi.
De retour à Gaza-ville, Lamees al-Iwady dit vivre, à 22 ans, « le plus beau jour » de sa vie. « Nous reconstruirons nos maisons, même si c’est avec de la boue et du sable. »
Selon le gouvernement gazaoui, 135.000 tentes et caravanes sont nécessaires dans la ville et le gouvernorat du nord, où plus de 90% du bâti a été détruit par des mois de combats acharnés et d’intenses pilonnages israéliens.
La guerre a également détruit « les infrastructures publiques, les systèmes de traitement des eaux usées, d’approvisionnement en eau potable et la gestion des déchets », a souligné dans un entretien à l’AFP Achim Steiner, chef de l’agence onusienne du développement (PNUD).
Ce retour est une « victoire » contre « les plans d’occupation » de Gaza et de « déplacement forcé » des Palestiniens, s’est réjoui le Hamas.
Israël ne permettra pas « un retour à la réalité du 7 octobre », a toutefois averti son ministre de la Défense, Israël Katz, précisant que quiconque « menacera les forces de l’armée israélienne paiera un prix élevé ».
Rejet de tout « déplacement forcé »
Dimanche, l’idée lancée par le président américain Donald Trump de déplacer les Gazaouis vers l’Égypte et la Jordanie pour, selon ses termes, « faire le ménage » dans le territoire, a déclenché une volée de dénonciations dans le monde arabe.
Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, tout comme le président palestinien Mahmoud Abbas, ont rejeté cette suggestion, qui renvoie pour les Palestiniens à la « Nakba » (« Catastrophe » en arabe), terme désignant leur déplacement de masse à la création d’Israël en 1948.
La Jordanie, qui accueille environ 2,3 millions de réfugiés palestiniens, et l’Égypte se sont également élevés contre un tel « déplacement forcé », qui, selon la Ligue arabe, « ne pourrait être qualifié autrement que comme du nettoyage ethnique ».
Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich (extrême droite), a salué pour sa part une « excellente idée ».
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