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Sombres perspectives pour l’économie tunisienne

Par Houcine Ben Achour

Actuellement, tous les regards sont portés sur les assemblées annuelles de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale (BM). Le contexte mondial en fait un rendez-vous incontournable, potentiellement un nouveau tournant dans l’histoire de ces deux institutions financières multilatérales, après celui de 1971, lorsque les États-Unis ont mis fin à la convertibilité du dollar en or, inaugurant le régime de change flottant.

À l’époque, les États-Unis avaient invoqué deux raisons essentielles : l’inflation et les déséquilibres croissants des relations économiques extérieures. Visiblement, l’histoire semble se répéter à la manière d’un balancier.

En 1971, cela avait consacré la doxa de la libéralisation des marchés et de la libre concurrence. Cette fois-ci, c’est le retour du balancier vers le protectionnisme, dans l’intérêt bien compris de la première puissance mondiale – et exclusivement d’elle.

La publication des « Perspectives économiques mondiales », lors de ces assises de printemps, était donc attendue avec attention par la communauté internationale, notamment pour connaître la position du FMI face aux choix américains.

Croissance mondiale en berne 

Un ralentissement de la croissance est inévitable à court terme, annonce le FMI, qui revoit à la baisse ses estimations de croissance mondiale publiées en janvier : elles passent de 3,3% à 2,8%.

Quant à la position de l’institution vis-à-vis des États-Unis, elle se résumerait à cette formule du chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas : « Le système économique mondial est en train d’être réinitialisé. »

La Tunisie échapperait-elle à ce reflux mondial ? C’est sa faible dimension économique qui le lui permet. Ainsi, le FMI estime que la croissance tunisienne demeurerait stable en 2025 et 2026, autour de 1,4%. Cependant, on reste loin des objectifs fixés par le gouvernement, qui table sur une croissance de 3,2% en 2025.

Des indicateurs alarmants à moyen terme

Les prévisions du FMI sur l’évolution de l’économie tunisienne à moyen terme sont particulièrement préoccupantes. De 1,4% de croissance en 2025, la Tunisie passerait à 1,24% en 2030, avec une moyenne annuelle de 1,34% sur la période.

Le taux d’investissement poursuivrait sa chute, passant de 11,9% du PIB en 2025 à 9,7% en 2030, un ratio déjà bas. Même tendance pour le taux d’épargne : de 8% à 5,8% entre 2025 et 2030. Quant à l’inflation, elle repartirait à la hausse, atteignant 9% fin 2030 contre 6,2% en 2025, avec une moyenne de 7,9% sur la période.

Les finances publiques ne s’en sortiront pas mieux. Après un léger recul, le déficit budgétaire devrait repartir à la hausse pour atteindre 7,6% en 2030, contre 5,4% prévu pour 2025 selon le FMI.

Le solde des paiements extérieurs courants se dégraderait lui aussi progressivement : de 1,7% du PIB en 2024 à 4,2% en 2030. Les premiers mois de 2025 confirment cette tendance : le déficit a déjà atteint plus de 1,6 milliard de dinars en janvier et février, contre seulement 113 millions de dinars à la même période en 2024.

Réserves en baisse, dinar sous pression

Ce déficit affecte directement le taux de change et les réserves en devises. Au 24 avril 2025, le dinar a perdu 2% de sa valeur par rapport à l’euro, par rapport à son cours de fin 2024. Les réserves en devises sont passées de l’équivalent de 121 jours d’importation à 98 jours en quatre mois.

Pour couronner le tout, l’endettement du pays ne connaîtra aucun répit. Après une légère accalmie en 2025, le taux d’endettement repartira de plus belle, passant de 82,9% du PIB en 2025 à près de 91% en 2030.

Au-delà des soubresauts actuels de l’économie mondiale, l’économie tunisienne va déjà mal. Et de sombres perspectives s’élèvent devant elle. Elles méritent – sinon exigent – une réaction. Qu’attend le gouvernement ?

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