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Crise des médicaments : la mort de deux jeunes malades du cancer relance le débat sur l’accès aux traitements

Par Myriam Ben Zineb

Le 23 août 2025, le jeune ingénieur Houssein Aboudi est décédé, l’année même de sa graduation, après que sa demande pour obtenir le médicament contre le cancer nécessaire à son traitement a été refusée par la Cnam. Ses proches ont expliqué avoir tenté, sans succès pendant six mois, de se procurer ce traitement vital. Son dossier a finalement été accepté, mais les soins sont arrivés incomplets et trop tard pour sauver sa vie.

Cette tragédie est survenue moins de 24 heures après le décès du jeune Houssem Harbaoui, lui aussi privé du médicament dont il avait un besoin urgent. Quelques jours avant sa mort, Houssem avait déclaré avoir passé plus de deux mois sans traitement et que sa demande auprès de la Cnam avait été rejetée, alors que le médicament n’était disponible que par ce biais et qu’il était impossible de se le procurer en pharmacie, même sans la prise en charge.

La mort de ces deux jeunes en seulement deux jours a ravivé l’inquiétude concernant la pénurie de médicaments en Tunisie et a remis en lumière le droit fondamental des patients à accéder aux soins et aux traitements médicaux. L’émotion est immense au sein de l’opinion publique.

Au-delà de la pénurie, ces décès soulèvent une question éthique importante : le refus ou le retard de certains traitements pourrait-il être lié à une priorisation des soins ? Autrement dit, certaines demandes, notamment pour les traitements palliatifs ou pour des cas jugés moins « curatifs », seraient-elles mises en attente afin de réserver les médicaments aux patients considérés comme ayant plus de chances de guérison ? Cette hypothèse interpelle sur les critères utilisés par la Cnam et les établissements de santé pour distribuer des ressources limitées.

Face à la pénurie des médicaments, le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, avait présidé, ce week-end, une séance de travail consacrée à l’élaboration d’un plan national visant à pallier le manque conjoncturel de médicaments et à assurer la continuité de l’approvisionnement.

Le plan prévoit la création d’une plateforme d’alerte précoce au sein de la Pharmacie centrale, la déclaration régulière des niveaux de stock par les fabricants, et une coordination renforcée avec les laboratoires en cas de perturbation de la production. Une campagne nationale encouragera également le recours aux médicaments génériques et rappellera l’importance de leur usage approprié.

Le ministère avait appelé enfin les médecins et les pharmaciens à s’appuyer sur les données nationales dans leurs prescriptions et à rationaliser l’utilisation des traitements, tout en accompagnant les citoyens dans une meilleure gestion des soins. Ce dernier point quant à la rationnalisation des prescriptions a fait grand bruit, faisant craindre une crise plus profonde qu’on le croit.

Ces décès rappellent non seulement l’existence d’une pénurie de médicaments en Tunisie, mais mettent aussi en lumière un dilemme éthique majeur sur la priorisation des traitements palliatifs et curatifs. Ils interrogent la Cnam sur la gestion des demandes urgentes pour les patients atteints de cancer. La question de l’accès immédiat aux traitements vitaux reste entière et continue d’alimenter un débat crucial sur la santé publique.

M.B.Z

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