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« Les Tunisiens sont en train de mourir ! » : une spectatrice bouleverse le spectacle de Karim Gharbi

Par Hassen Khemakhem

Un cri de détresse lancé par une spectatrice en plein spectacle de Karim Gharbi a enflammé les réseaux sociaux.

Lors de son one-man show au Kram, lundi 25 août 2025, l’humoriste est revenu, sur un ton critique, sur la difficulté d’accès aux médicaments et la lenteur des procédures des caisses sociales. C’est alors qu’une dame, submergée par l’émotion, a éclaté en sanglots, exprimant une douleur et une amertume qui ont profondément touché les internautes.

La spectatrice a craqué après une séquence où Karim Gharbi simulait un échange avec un agent administratif. Dans son sketch, il lançait : « Si la dame ne prend pas ses médicaments confisqués, elle mourra dans trois jours. » La voix-off, incarnant l’agent, rétorquait : « Ce n’est pas grave, apportez l’acte de décès et vous pourrez récupérer le médicament. » C’est à ce moment précis qu’une voix déchirée a jailli de la salle : « C’est vrai, c’est vrai ! Il n’y a pas de médicaments et les Tunisiens sont en train de mourir ! Toute la Tunisie est en train de mourir ! »

Cette scène bouleversante, marquée par l’effondrement de la spectatrice, a illustré le calvaire vécu par des milliers de Tunisiens confrontés à la pénurie de médicaments. Après son spectacle, Karim Gharbi a réagi en soulignant que ce problème touche un grand nombre de familles et qu’il avait pris le temps d’échanger avec la dame en question.

La vidéo de l’incident, largement partagée, a suscité un flot de réactions. De nombreux internautes se sont identifiés à la douleur de la spectatrice, évoquant à leur tour leurs propres drames familiaux liés au manque de traitements. Certains ont affirmé avoir perdu des proches à cause des difficultés d’approvisionnement en médicaments.

Cette réaction intervient seulement quatre jours après que le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, a présidé, vendredi 22 août 2025, une séance de travail consacrée à l’élaboration d’un plan national pour faire face au manque conjoncturel de médicaments et garantir la continuité de l’approvisionnement. Ce plan prévoit la mise en place d’une plateforme d’alerte précoce au sein de la Pharmacie centrale, l’obligation pour les fabricants de déclarer régulièrement leurs niveaux de stock, un renforcement de la coordination avec les laboratoires en cas de perturbation de la production, ainsi qu’une campagne nationale de sensibilisation pour promouvoir l’usage des génériques. Le ministère a appelé également les médecins et pharmaciens à se référer aux données nationales et à rationaliser leurs prescriptions afin d’assurer une meilleure gestion des traitements.

La détresse des Tunisiens face à la pénurie de médicaments a été tragiquement illustrée par le décès récent de deux jeunes patients. Le 23 août 2025, le jeune ingénieur Houssein Aboudi est décédé, l’année même de sa graduation, après que sa demande de traitement anticancéreux a été rejetée par la Cnam. Ses proches expliquent avoir tenté, pendant six mois, d’obtenir ce médicament vital. Le dossier a finalement été accepté, mais les soins sont arrivés incomplets et trop tard pour le sauver. Cette tragédie est survenue moins de 24 heures après le décès de Houssem Harbaoui, lui aussi privé d’un traitement urgent. Quelques jours avant sa mort, il avait confié avoir passé plus de deux mois sans soins et que sa demande auprès de la Cnam avait été rejetée, alors que le médicament n’était accessible que par ce biais et introuvable en pharmacie. 

Ces décès ont ravivé l’inquiétude concernant la pénurie de médicaments en Tunisie et soulignent le droit fondamental des patients à accéder aux soins. Au-delà de la pénurie, ils posent une question éthique brûlante : certaines priorisations de traitement pourraient-elles influencer l’accès aux soins palliatifs ou curatifs ? La gestion des demandes urgentes par la Cnam, notamment pour les patients atteints de cancer, reste au centre du débat public et met en lumière l’urgence d’actions concrètes pour garantir la disponibilité des traitements vitaux.

H.K

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