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Ver de Cayor : le parasite qui dévore la chair humaine… un risque pour la Tunisie ?

Par Rabeb Aloui

Les autorités sanitaires américaines ont confirmé, dimanche 24 août 2025, le premier cas humain d’infestation par le ver de Cayor (larves de mouche), un parasite qui dévore les tissus vivants. L’infection a été détectée chez une personne de retour d’un séjour au Salvador, où sévit actuellement une épidémie.

Cette information a suscité un certain intérêt en Tunisie. Plusieurs de nos lecteurs se sont interrogés sur cette infestation et se demandent s’il est possible qu’un tel parasite apparaisse sur le territoire tunisien. Bien que le ver de Cayor soit endémique en Amérique latine et dans les Caraïbes, et que le risque pour la Tunisie reste extrêmement faible, la curiosité du public est compréhensible face à un parasite capable de provoquer des infections aussi spectaculaires et douloureuses.

Qu’est-ce que le ver de Cayor ?

Le ver de Cayor n’est pas un ver mais la larve d’une moucheCochliomyia hominivorax. La femelle peut pondre jusqu’à 300 œufs à la fois dans les plaies ou les zones fragiles (comme la bouche ou le nez) des animaux à sang chaud, y compris l’homme. Après éclosion, les larves s’enfoncent dans la chair vivante, provoquant de fortes douleurs et, si elles ne sont pas retirées, des complications graves pouvant aller jusqu’à la mort.

Le parasite est endémique en Amérique latine et dans les Caraïbes, mais il avait été éradiqué des États-Unis dans les années 1960 grâce à une vaste campagne de lutte reposant sur la libération de mâles stériles.

Comment l’infestation est-elle traitée ?

Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), la meilleure prévention consiste à protéger toute plaie, même minime, surtout dans les zones où le parasite est présent. En cas de suspicion, un diagnostic médical est indispensable : les larves doivent être retirées une à une, parfois chirurgicalement. Aucun traitement médicamenteux approuvé par la FDA n’existe actuellement pour l’homme, bien que des antiparasitaires soient utilisés chez les animaux.

Pourquoi les autorités sont-elles vigilantes ?

Le risque de santé publique aux États-Unis reste jugé « très faible », selon le département de la Santé. Le patient concerné, un habitant du Maryland, est guéri, et aucune transmission secondaire n’a été observée. Mais l’épisode rappelle la menace que représente ce parasite pour l’élevage, le cheptel bovin américain étant particulièrement vulnérable. 

En Amérique centrale, des millions de mouches mâles stérilisées sont régulièrement relâchées afin de contenir la progression du parasite. Le département américain de l’Agriculture a d’ailleurs annoncé de nouveaux investissements pour renforcer ces programmes, notamment au Mexique.

Un ennemi ancien qui réapparaît

Dans la première moitié du 20ᵉ siècle, le ver de Cayor avait ravagé les troupeaux du sud des États-Unis. Son nom scientifique, Cochliomyia hominivorax, signifie littéralement « mangeur d’homme ». Si les cas humains restent rares, leur nombre est en augmentation en Amérique centrale et du Sud, et certains décès ont été signalés récemment au Costa Rica et au Nicaragua.

Pour l’instant, aucun foyer animal n’a été identifié sur le territoire américain. Mais les experts appellent à la vigilance : ce n’est pas un virus et il ne se transmet pas de personne à personne. En revanche, une simple plaie ouverte peut suffire à attirer la mouche, et chaque femelle est capable de pondre des centaines d’œufs.

Et en Tunisie ?

Pourquoi cette histoire suscite l’intérêt en Tunisie, même si le risque reste très faible ? La mondialisation, qu’elle soit celle des échanges d’informations ou celle des maladies, rend les nouvelles plus proches et plus immédiates pour nos lecteurs. Dans un monde hyperconnecté, où la circulation des personnes et des virus est rapide, des affections autrefois lointaines peuvent désormais attirer notre attention.

Le traumatisme récent de la pandémie mondiale rappelle aux Tunisiens que des menaces sanitaires, même exotiques, peuvent toucher notre quotidien, ne serait-ce que par l’inquiétude et la curiosité qu’elles suscitent.

R.A.

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