Le ministère de la Santé avait évoqué, durant le week-end, une mesure de « rationalisation » de la consommation des médicaments. L’annonce a immédiatement suscité un vif débat dans l’opinion publique, beaucoup y voyant le signe d’une pénurie. La polémique est d’autant plus forte qu’elle intervient au moment où deux jeunes malades du cancer sont décédés, leurs familles dénonçant un retard d’accès aux traitements. Par ailleurs, de nombreux citoyens signalent depuis des mois la difficulté à trouver certains médicaments.
Face à la vague d’indignation, le ministère a tenté d’expliquer que la rationalisation ne signifiait pas restriction mais usage raisonné, tout en assurant qu’il n’y avait pas de rupture d’approvisionnement. Une communication officielle qui tranche avec la réalité vécue par les patients : sous le communiqué publié en ligne, des centaines de citoyens avaient commencé à témoigner, cas par cas, du manque de médicaments pour eux ou leurs proches, avant que la rubrique des commentaires ne soit fermée.
C’est dans ce climat tendu que l’Ordre des médecins a décidé d’intervenir. Son porte-parole, Samir Chtourou, est revenu jeudi 28 août 2025 sur Express FM pour clarifier la démarche et tenter de rassurer.
Il a tenu à rassurer les citoyens : « La rationalisation ne signifie en aucun cas priver les malades de leurs traitements. Elle consiste à utiliser les médicaments de manière intelligente, efficace et sûre », a-t-il affirmé.
Selon lui, il ne s’agit pas seulement de réduire la consommation, mais surtout d’éviter les usages inutiles ou dangereux. Il a insisté sur la nécessité de respecter scrupuleusement les posologies prescrites, de ne pas prolonger les traitements au-delà de la durée indiquée et de choisir le médicament adapté à chaque pathologie.
L’objectif est d’obtenir « le meilleur résultat thérapeutique avec le moins de risques », tout en limitant les effets secondaires liés à une utilisation inappropriée, a-t-il précisé.
Samir Chtourou a particulièrement mis l’accent sur la consommation d’antibiotiques, jugée excessive en Afrique du Nord. Cet usage abusif favorise l’apparition de résistances bactériennes. « Quand les bactéries deviennent résistantes, les traitements ne sont plus efficaces et les conséquences peuvent être graves », a-t-il averti.
Concernant les médicaments génériques, il a rappelé qu’ils sont tout aussi efficaces que les médicaments de marque, à condition que leur efficacité ait été scientifiquement prouvée. « Nous n’avons aucune réticence vis-à-vis des génériques, qu’ils soient produits localement ou importés, tant que leur efficacité est démontrée », a-t-il ajouté.
Il a également rappelé quelques règles de bon sens : consulter systématiquement un médecin ou un pharmacien avant de prendre un traitement, ne jamais partager ses médicaments avec un proche, et rapporter les produits périmés aux pharmacies pour éviter tout risque de mauvaise utilisation.
« L’usage des médicaments doit être un acte responsable, guidé par la conscience sanitaire et le respect des règles médicales, pour protéger la santé des citoyens », a-t-il souligné.
Enfin, il a insisté sur le fait que cette démarche ne dissimule aucune rupture d’approvisionnement. Les autorités sanitaires, a-t-il expliqué, ont assuré avoir pris toutes les mesures nécessaires pour garantir la disponibilité des traitements vitaux, y compris pour les malades chroniques et les patients atteints de cancer.
« Rationaliser la consommation et assurer la disponibilité des médicaments vont de pair. L’objectif commun est d’offrir les meilleurs soins aux patients tunisiens tout en protégeant leur droit fondamental à la santé », a conclu Samir Chtourou.
M.B.Z