La Commission européenne a proposé, mercredi 17 septembre 2025, de taxer une partie des biens importés d’Israël et de sanctionner deux ministres d’extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. L’annonce a été faite par la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
« Je veux être très claire, le but n’est pas de punir Israël. Le but est d’améliorer la situation humanitaire à Gaza », a-t-elle souligné, insistant sur le caractère ciblé de cette mesure.
Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l’UE, renchérir de quelque 227 millions d’euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d’origine agricole.
La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l’UE.
L’exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d’accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l’unanimité des pays de l’UE.
« Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser », a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.
Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.
Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n’avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l’Italie.
Les exportations israéliennes vers l’UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l’an dernier 15,9 milliards d’euros.
Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.
Cette proposition intervient au lendemain d’un rapport inédit d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU, accusant Israël de commettre un génocide à Gaza depuis octobre 2023. Selon la présidente de la commission, Navi Pillay, il s’agit de la première fois qu’un tel constat est formulé par une mission onusienne.
Le rapport affirme que les forces israéliennes ont commis « quatre des cinq actes génocidaires » définis par la Convention de 1948, notamment les meurtres, les atteintes graves à l’intégrité physique et mentale, la soumission à des conditions de vie destructrices et les mesures visant à entraver les naissances.
La commission met directement en cause le président Isaac Herzog, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, accusés d’avoir « incité à commettre un génocide » sans que des mesures aient été prises pour l’empêcher.
Israël a « rejeté catégoriquement » ce rapport qualifié de « biaisé et mensonger », appelant à la « dissolution immédiate » de la commission. Mais l’impact politique est déjà palpable : le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a lui-même évoqué des « preuves grandioses d’un génocide », donnant un écho inédit aux conclusions de la commission.
Dans ce contexte tendu, la proposition européenne de sanctions et de mesures commerciales apparaît comme une première tentative de traduire politiquement les accusations internationales. Elle devrait cependant susciter de vifs débats au sein des Vingt-Sept, divisés depuis le début de la guerre à Gaza entre partisans de pressions fermes sur Israël et défenseurs d’un soutien inconditionnel à l’État hébreu.
BN avec AFP