Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, a réagi, jeudi 2 octobre 2025, à la publication du classement 2025 de l’Indice de liberté économique dans le monde, établi par l’Institut Fraser (Canada). Selon ce rapport, la Tunisie figure désormais parmi les pays où la liberté économique est faible.
D’après ce classement, qui couvre 165 pays, la Tunisie occupe la 124e place mondiale, avec un score global de 5,88. Elle se situe ainsi au 27e rang en Afrique. M. Chkoundali note qu’il s’agit d’une position préoccupante, car la liberté économique est un facteur déterminant pour le climat d’investissement, la croissance et l’emploi.
La Tunisie a obtenu ses plus mauvais résultats dans la catégorie « taille de l’État », où elle se classe 141e, et dans celle de la « réglementation » (130e). Elle arrive ensuite 112e pour la « liberté de commerce international », 105e pour le système « légal et les droits de propriété », et 104e pour la « stabilité monétaire ».
Pour l’économiste, ces faiblesses structurelles montrent que l’environnement économique reste dominé par le poids de l’État, une réglementation lourde et des obstacles persistants au libre-échange et à l’investissement.
Ridha Chkoundali rappelle également que la Heritage Foundation, en coopération avec le Wall Street Journal, publie chaque année son propre indice de liberté économique. En février 2025, cette institution a classé la Tunisie à la 149e place sur 184 pays, avec un score de 49,1 sur cent, la rangeant ainsi dans la catégorie des États répressifs qui restreignent les libertés économiques.
En comparaison, le Maroc occupe le 86e rang avec un score de 60,3, tandis que l’Algérie figure au 160e rang avec 47,5 points.
M. Chkoundali souligne que la Tunisie obtenait, dans les années 1990 et au début des années 2000, un score supérieur à 64 points dans l’indice de la Heritage Foundation, devançant alors le Maroc. La dégradation constatée en 2025 est donc particulièrement marquée.
Selon lui, les principales raisons de ce déclassement sont le manque de respect de l’État de droit, l’absence de transparence politique, une mauvaise gestion des ressources financières, la détérioration des libertés commerciales et un climat peu favorable aux affaires.
Contrairement aux agences de notation financière comme Fitch Ratings, Moody’s ou Standard & Poor’s, qui évaluent surtout les équilibres financiers et monétaires, ces classements internationaux mettent en avant les fondements de l’économie réelle, insiste Ridha Chkoundali.
« Ces indices sont cruciaux, car ils renseignent les investisseurs, locaux comme étrangers, sur la capacité d’un pays à offrir un environnement propice à l’initiative privée, à la création d’emplois et à l’amélioration du revenu des citoyens », conclut-il.

I.N.