Heure de Tunis :
Plus de prévisions: Meteo 25 jours Paris
Light
Dark

Loi de finances – Budget économique : pourquoi tant d’ostracisme face aux grands défis ?

Par Houcine Ben Achour

Ce gouvernement a vraiment de l’aplomb. Il y a une dizaine de jours, il tenait successivement deux Conseils ministériels consacrés, d’une part, au projet de Loi de finances et de budget de l’État 2026 et, d’autre part, au projet de Budget économique. Le projet de Loi de finances et de budget avait déjà fait l’objet d’un Conseil ministériel en juin dernier qui en avait défini les orientations mais pas les contours. Le Conseil ministériel du 23 septembre 2025 devait logiquement les dévoiler.

Malheureusement, le communiqué issu de cette réunion n’a fait que reprendre dans ses grandes lignes celui de juin 2025. Aucune donnée n’a été fournie, ni sur les résultats attendus de l’exécution du budget en cours, ni sur les objectifs budgétaires, les ressources propres ou l’endettement, les dépenses de gestion ou d’investissement, le déficit ou encore le paiement des intérêts de la dette. À trois semaines du dépôt du document au Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le gouvernement a encore bien du pain sur la planche pour honorer cette échéance.

 

Absence totale de perspectives chiffrées

Le projet de Budget économique 2026 est logé à la même enseigne des généralités. Le 2 septembre 2025, un premier Conseil des ministres lui fut consacré. Une semaine plus tard, un second Conseil ministériel fut réuni sur le même sujet. Là encore, la teneur des communiqués publiés à l’issue de ces deux rencontres s’est limitée à exposer une vision passe-partout des perspectives économiques 2026, sans aucun objectif quantitatif.

Plus encore, à la lecture du communiqué publié après le Conseil ministériel du 24 septembre, on a la curieuse impression que la présentation faite par le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh, s’apparentait davantage à une présentation de l’action du gouvernement durant la période à venir qu’à un exposé clair sur les perspectives économiques 2026 : croissance, investissement, exportation, finances publiques, inflation, emploi et chômage. Là aussi, le gouvernement devra accélérer pour respecter le délai du 15 octobre, date butoir pour le dépôt du document à l’ARP, marquant le coup d’envoi du marathon budgétaire.

Et ce ne sont pas là les deux seuls documents à déposer. L’article 46 de la Loi organique du budget prévoit aussi un cadre budgétaire triennal, un rapport sur la dette publique, un rapport sur les transferts de l’État aux entreprises publiques et établissements à caractère non administratif, les garanties de l’État accordées, un rapport sur la répartition régionale de l’investissement, un rapport sur les niches fiscales et un rapport sur les projets d’investissement public-privé. Or, hormis le rapport sur le budget général et le cadre budgétaire de moyen terme, les données disponibles s’arrêtent en 2022.

Emploi-chômage : une bombe à retardement

À ce stade, on peut se demander quelles sont les raisons de cet ostracisme, qui ne fait que renforcer l’incertitude économique. Parmi les défis les plus urgents figure l’emploi et son corollaire, le chômage, particulièrement chez les jeunes et les femmes. Une véritable bombe à retardement.

Selon le Recensement général de la population et de l’habitat 2024 (RGPH), le taux de chômage atteint 17,2 % de la population active. Ce chiffre se substitue aux résultats de l’enquête du 4e trimestre 2024, annulée car redondante avec le RGPH.

Le constat est préoccupant : près d’un jeune sur deux de 15 à 19 ans est sans emploi, à la recherche active et disponible pour travailler. Ils sont 39 % chez les 20-24 ans, ce qui révèle « de grandes difficultés d’insertion professionnelle », selon l’Institut national de la statistique (INS). Près d’un quart des diplômés de l’enseignement supérieur sont aussi au chômage : autrement dit, le cœur battant de la Tunisie de demain.

La situation des femmes est tout aussi préoccupante. Leur taux d’emploi dépasse à peine 25 %, et un quart d’entre elles sont au chômage. « Quel que soit le niveau d’éducation, les femmes sont systématiquement plus touchées que les hommes », relève l’INS. Un véritable potentiel inexploité.

Enfin, il convient de noter que si la population en âge de travailler progresse au même rythme que la population totale, « elle gagne au fil du temps plus d’ampleur par rapport à la population totale ». Une évolution qui appelle à une réflexion stratégique urgente

Subscribe to Our Newsletter

Keep in touch with our news & offers