Le caricaturiste tunisien, Tawfik Omrane a réagi à l’affaire Saber Chouchane par une caricature glaçante. Le dessin illustre avec réalisme l’absurdité de la situation. Le mot « publication » est littéralement transformé en instrument de mort. Le nœud coulant remplace une lettre, symbolisant de manière directe le risque de la peine capitale pour un simple écrit en ligne.
Cette image frappe par sa simplicité et sa force visuelle. Elle traduit la menace qui pèse sur toute expression critique en Tunisie, tout en dénonçant le caractère disproportionné et dramatique des sanctions judiciaires.
Par son choix graphique minimaliste, Tawfik Omrane Omrane capte immédiatement l’attention et force le spectateur à réfléchir sur la fragilité de la liberté d’expression et la violence symbolique d’un État qui punit sévèrement la parole.

La caricature fait écho au jugement prononcé le 1er octobre 2025 par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Nabeul. Saber Chouchane, travailleur journalier et père de trois enfants, a été condamné à mort pour des publications sur Facebook jugées offensantes envers le président de la République, Kaïs Saïed.
Originaire du Cap Bon, il écrivait sous un pseudonyme et partageait des textes critiques, satiriques ou liés à l’actualité internationale, notamment la question palestinienne. Sa page Facebook, suivie par peu de personnes, ne suscitait qu’une poignée de réactions, souvent moins d’une dizaine. Des écrits au retentissement très limité, mais qui ont suffi à déclencher une procédure judiciaire aux conséquences dramatiques.
Arrêté et d’abord présenté devant le pôle judiciaire antiterroriste, son dossier a finalement été renvoyé devant la juridiction ordinaire de Nabeul, le pôle ayant écarté toute qualification terroriste. Mais les charges retenues restaient lourdes : « outrage au président de la République », « atteinte visant à modifier la forme de l’État » et « diffusion de fausses nouvelles visant un fonctionnaire public ». Ces chefs d’accusation ont conduit à un verdict d’une sévérité inédite : la peine capitale pour de simples écrits publiés en ligne.
La décision a provoqué une onde de choc bien au-delà des frontières tunisiennes. De Paris à Bruxelles, en passant par Londres, la presse internationale s’est saisie de l’affaire, dénonçant une sanction jugée « disproportionnée » et inquiétante. En Tunisie, associations, militants et défenseurs des droits humains y voient une attaque frontale contre la liberté d’expression.
M.B.Z