Malgré les progrès enregistrés en matière d’éducation, l’analphabétisme et les inégalités persistent chez les enfants tunisiens. C’est ce que montrent les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique (INS) issus du recensement général de la population et de l’habitat pour l’année 2024.
Selon le rapport, les enfants âgés de moins de 18 ans représentent plus de 3,29 millions d’individus, soit 27,5% de la population tunisienne. Si la quasi-totalité des enfants sont aujourd’hui scolarisés, les écarts restent importants selon le genre, le milieu de résidence et le gouvernorat.
À l’échelle nationale, 3,8% des enfants demeurent analphabètes. Ce taux, bien que faible, révèle des disparités persistantes : 4,3% chez les garçons contre 3,2% chez les filles, inversant la tendance observée chez les adultes.
Les zones rurales restent davantage touchées, avec 5,2% d’enfants analphabètes, contre 3,2% en milieu urbain. Ces écarts confirment que les efforts d’alphabétisation bénéficient encore inégalement aux différentes couches sociales.
Le taux de scolarisation des six à quatorze ans atteint 97,3% en 2024, contre 75,9% en 1984, signe d’un progrès considérable. Toutefois, 6% des enfants âgés de six à 17 ans restent hors du système éducatif, une proportion plus élevée chez les garçons (8%) que chez les filles (3,9%).
Le district 3 (qui englobe les gouvernorats de Sousse, Monastir, Mahdia, Kairouan, Kasserine et Siliana) enregistre le taux le plus préoccupant (7,4%), tandis que les districts 1 (qui regroupe Bizerte, Jendouba, Béja et Le Kef) et 2 (qui regroupe les gouvernorats de Tunis, Ariana, Ben Arous, Manouba, Nabeul et Zaghouan) affichent les plus faibles (5,2% et 4,7%). Les gouvernorats de Kairouan et Mahdia dépassent la moyenne nationale (9% et 8,9%), alors que Ben Arous et La Manouba enregistrent les meilleures performances (3,7%).
La majorité des enfants, soit 65,6%, ont atteint le niveau secondaire, contre 33,1% pour le primaire. Les filles sont davantage représentées dans le secondaire (68,3%) que les garçons (63,1%), mais ces derniers sont plus nombreux dans le primaire (35,5% contre 30,5%).
Les disparités régionales restent marquées : le district 2 affiche la proportion la plus élevée d’élèves du secondaire (68,9%), tandis que le district 3 présente la plus faible (62,1%).
Les enfants de moins de 18 ans constituent plus d’un quart de la population tunisienne. La majorité réside en milieu urbain (70,1%), tandis que 29,9% vivent en zones rurales. Les garçons représentent 51,3% de l’ensemble, contre 48,7% pour les filles.
Le poids des enfants varie fortement selon les régions : Kasserine compte le taux le plus élevé (un habitant sur trois âgé de moins de 18 ans), suivie de Kébili, alors que Tunis affiche le plus faible (21,7%, soit un sur cinq).
En matière d’accès au numérique, 75,9% des enfants de dix à 17 ans utilisent Internet et 53,2% un ordinateur. Les filles devancent légèrement les garçons pour les deux usages.
Concernant la santé, 84,5% des enfants disposent d’une couverture médicale. En milieu urbain, la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) prédomine (67,1%), tandis qu’en milieu rural, les régimes des cartes de soins gratuits ou à tarif réduit 1 et 2 couvrent 36,7% des enfants.
Le recensement recense 28.300 enfants en situation de handicap, dont 59,8% de garçons. Les districts 2 et 3 concentrent plus de la moitié de ces enfants (58,4%), révélant encore une fois des disparités régionales fortes.
I.N.
