L’avocate Leila Haddad est revenue, mercredi 8 octobre 2025, sur la libération de Saber Chouchane, condamné à mort puis gracié par le président de la République après avoir critiqué le chef de l’État dans des publications sur Facebook.
Invitée de l’émission « Sbeh El Ward », la membre du comité de défense de M. Chouchane a rappelé que l’affaire avait provoqué une large polémique, d’abord au moment de la condamnation à mort, puis à la suite de la grâce présidentielle, suscitant des interrogations sur la conformité de cette décision avec les procédures juridiques.
« Saber Chouchane a été condamné à mort par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Nabeul, le 1er octobre 2025, conformément aux articles 24 et 67 du décret 54 ainsi qu’à l’article 72 du Code pénal, qui prévoit la peine capitale », a-t-elle précisé.
L’avocate a tenu à rappeler que M. Chouchane est « un citoyen ordinaire, un simple ouvrier et père de famille », ajoutant : « Ce n’est ni un activiste politique, ni un membre de la société civile, ni un créateur de contenu influent ».
Elle a poursuivi : « Nous ne pouvons pas, dans ce cas, invoquer l’article 72 du Code pénal, car les faits ne peuvent être qualifiés d’atteinte visant à changer la forme de l’État. Malheureusement, ce dossier est passé entre les mains de dix juges au total ».
Selon elle, ce processus inédit a transformé le cas en une affaire d’opinion publique, mettant en lumière les dérives d’un système judiciaire qui permet de telles peines pour de simples publications en ligne.
Répondant à une question du journaliste Hatem Ben Amara sur l’implication de dix juges, Me Haddad a souligné : « C’est exactement là le problème. Cela a nui à l’image de la Tunisie. C’est une première dans l’histoire de la justice tunisienne, dans un pays connu pour être démocratique et respectueux de la liberté d’expression ».
Elle a également indiqué que Saber Chouchane avait entamé une procédure de retrait de son appel contre le verdict, ce qui a ouvert la voie à la grâce présidentielle. « Ce dossier a fait couler beaucoup d’encre, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le président de la République a voulu anticiper les procédures pour mettre un terme à cette affaire », a-t-elle conclu.
H.K