Le Groupe Université Centrale, membre du réseau Honoris United Universities, a officiellement lancé, mardi 7 octobre 2025, son Centre de recherche collaborative et d’innovation (CRCI). L’annonce a été faite par Houbeb Ajmi, directrice générale d’Honoris en Tunisie, lors d’une conférence tenue à l’École centrale supérieure privée d’administration des affaires, en présence d’universitaires, de chercheurs, d’étudiants et de représentants du monde économique.
Un lancement qui marque « une étape majeure dans l’histoire du groupe, qui devient désormais un pôle où formation, recherche et innovation s’unissent pour répondre aux défis scientifiques, technologiques et socio-économiques de demain ».

Dans son allocution, la directrice générale d’Honoris a expliqué que la création de ce centre est le fruit d’une réflexion menée depuis près d’un an. « C’est le niveau de maturité atteint par notre institution qui exige de nous l’implication dans la recherche collaborative pour se rapprocher davantage de l’entreprise », a-t-elle affirmé.
Mme Ajmi a souligné que cette nouvelle structure permettra de « développer des sujets de recherche qui répondent à des problématiques réelles de l’entreprise tunisienne, de produire de la science et du savoir, et de contribuer à la communauté scientifique internationale ».
Le CRCI aura également pour vocation d’impliquer directement les étudiants dans des projets innovants dès leurs années d’études. « C’est un projet qui s’inscrit pleinement dans notre stratégie d’excellence académique », a-t-elle insisté, avant de détailler les quatre axes stratégiques prioritaires retenus :
- Transition numérique, IA et innovation,
- Santé et recherche clinique,
- Transition écologique et responsabilité sociétale,
- Gouvernance et gestion des ressources humaines.
« Ce sont des sujets clés pour le développement futur des entreprises tunisiennes », a-t-elle ajouté.
Avant de présenter le centre, Houbeb Ajmi a tenu à rappeler l’ampleur du Groupe Université Centrale, membre du réseau international Honoris United Universities. Avec seize écoles, près de 13.000 étudiants, plus de 500 collaborateurs et un taux d’employabilité dépassant les 90 %, le groupe s’impose comme le plus grand établissement d’enseignement supérieur privé en Tunisie.
Son écosystème comprend quatre grandes institutions :
- l’Université Centrale (UC),
- l’Institut maghrébin des sciences économiques et technologiques (IMSET),
- la Faculté des sciences de la santé (UPSAT),
- et l’Académie d’art de Carthage (AAC).
« C’est un ensemble cohérent qui intègre des formations supérieures et professionnelles dans des domaines variés — santé, ingénierie, tourisme, droit, design, cinéma, informatique ou architecture. Cet ensemble nourrit l’interdisciplinarité au cœur de notre modèle », a détaillé Mme Ajmi.
Le groupe dispose également d’une présence géographique étendue, de Tunis à Gabès, en passant par La Marsa, Sousse et Sfax. « Ce maillage territorial et institutionnel crée un terreau fertile pour la recherche collaborative », a-t-elle souligné.

La directrice générale d’Honoris a défini le Centre de recherche collaborative et d’innovation comme « un pont entre le savoir et la société ». Elle a précisé : « Il s’agit d’un espace où les chercheurs, les étudiants et les entreprises travaillent ensemble dans une logique de double impact : académique et industriel. Parce que libérer le potentiel de l’innovation exige une action concertée entre pouvoirs publics, entreprises et universités ».
S’appuyant sur les conclusions du Global Innovation Index 2025 publié par les Nations unies, elle a rappelé que la Tunisie a progressé de quelques rangs, se positionnant à la 76ᵉ place sur 139 économies, mais reste encore loin de son potentiel. « Ce constat conforte pleinement notre décision de promouvoir la recherche collaborative et l’innovation interdisciplinaire », a-t-elle déclaré.
Le CRCI ambitionne ainsi de renforcer la production scientifique, d’accroître la visibilité internationale des chercheurs tunisiens et de stimuler la R&D appliquée en lien avec les besoins réels du tissu économique.
« Ce centre sera un espace fédérateur où la rigueur scientifique se conjugue à l’impact concret sur la société. C’est la concrétisation d’une vision : celle d’une université qui place la recherche, l’innovation et la collaboration au cœur de son identité », a résumé Mme Ajmi.
Interrogée par Business News sur les risques liés à l’intelligence artificielle, Houbeb Ajmi a reconnu que cet outil, bien qu’essentiel, requiert une approche responsable. « L’IA est une opportunité, mais comme toute opportunité, elle présente des risques. Du moment qu’on en est conscients et qu’on intègre l’éthique dans notre démarche, on ne peut qu’en tirer des avantages », a-t-elle estimé.
Elle a rappelé que l’Université Centrale a adopté, depuis un an et demi, une stratégie IA fondée sur des principes éthiques et déontologiques. « Le secteur de l’éducation va être bouleversé par l’intelligence artificielle. Autant s’y mettre le plus tôt possible, mais de manière encadrée », a-t-elle insisté, citant l’exemple du groupe pharmaceutique Teriak qui « a développé le premier médicament 100 % grâce à l’IA, réduisant le temps de recherche de quinze ans à 18 mois ».
Abordant la question de la collaboration entre le monde académique et le secteur privé, notamment dans le domaine de la santé, Mme Ajmi a souligné l’importance de réduire le fossé entre les entreprises et les universités tunisiennes.
« Ce gap a provoqué une asphyxie technologique de nos entreprises. Nous devons produire des brevets, des avancées concrètes dans tous les domaines », a-t-elle averti, citant le professeur Armand Hatchuel, invité de la conférence et professeur émérite à l’École des Mines de Paris.
Elle a également mis en avant la nécessité de repenser la gouvernance et la gestion des ressources humaines : « La Tunisie a besoin de nouveaux modèles de développement RH. Le capital humain est notre première richesse. En renforçant cette composante dans les PME tunisiennes, nous leur permettrons de se développer, de s’internationaliser et de rayonner à l’étranger ».

Pour conclure, Houbeb Ajmi a exprimé le souhait que ce nouveau centre contribue à améliorer la position de la Tunisie dans les classements mondiaux de l’innovation. « Nous espérons figurer, dans quelques années, parmi les cinq premières nations africaines du Global Innovation Index », a-t-elle déclaré.
« Ce centre est notre nouveau bébé. Il doit devenir le lieu où les idées se transforment en solutions, où les défis deviennent des opportunités, et où l’avenir s’écrit – ou, comme je le dis souvent, où l’avenir se brode avec audace et responsabilité », a conclu la directrice générale d’Honoris.
I.N.