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GCT : la Fédération de la pétrochimie tire la sonnette d’alarme et prône une transition verte

Par Imen Nouira

La Fédération générale de la pétrochimie relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a publié, dimanche 12 octobre 2025, un communiqué consacré à la situation environnementale et sociale de Gabès, ainsi qu’aux perspectives de développement du Groupe chimique tunisien (GCT).

L’organisation syndicale affirme suivre « avec une grande attention » les évolutions dans la région, confrontée à des défis persistants qui exigent, selon elle, « une vision nationale intégrée équilibrant les exigences environnementales, économiques et sociales ».

Elle rappelle que le Groupe chimique tunisien demeure « un acquis stratégique » contribuant à la sécurité alimentaire nationale et mondiale, à travers son soutien au secteur agricole et la création de milliers d’emplois directs et indirects. La Fédération appelle néanmoins à « renforcer son rôle de développement dans le respect de l’environnement et de la santé des travailleurs ».

Dans ce document, la fédération identifie plusieurs défis :

  • l’accumulation des effets de pollutions industrielles anciennes nécessitant une prise en charge globale ;
  • la vétusté des équipements et l’insuffisance des dispositifs de protection environnementale ;
  • un manque criant de personnel depuis l’arrêt des recrutements en 2013, ayant affaibli les capacités techniques et de contrôle ;
  • la montée des revendications citoyennes pour une meilleure qualité de l’air et de l’eau ;
  • le retard dans la mise en œuvre des programmes publics d’aménagement et de réhabilitation.

La fédération appelle ainsi à une approche participative et responsable, impliquant autorités, société civile, syndicats et experts, pour élaborer des solutions concrètes et durables.

Le texte plaide pour :

  • la modernisation des unités industrielles à travers l’introduction de technologies propres et la surveillance des émissions ;
  • le renforcement de la sécurité et de la santé au travail ;
  • l’investissement dans les énergies renouvelables et les technologies vertes ;
  • la mise en place d’un plan national de traitement et de valorisation du phosphogypse ;
  • une meilleure transparence dans la communication environnementale.

La Fédération estime que « l’avenir du Groupe chimique tunisien doit reposer sur trois piliers : environnemental, social et économique », afin de concilier performance industrielle et développement durable.

« Gabès mérite un développement équitable et durable rétablissant l’équilibre entre environnement, emploi et production », conclut la Fédération, réaffirmant sa disponibilité au dialogue « pour un modèle de production responsable et respectueux de la dignité du travailleur et du citoyen ».

La tension n’a cessé de croître à Gabès, où les habitants dénoncent depuis des années les effets dévastateurs de la pollution industrielle sur leur santé et leur environnement. Le nouvel épisode d’intoxication enregistré vendredi a ravivé les blessures d’une région longtemps laissée pour compte.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des scènes d’urgence dans des écoles et hôpitaux, où de nombreux enfants ont été pris en charge pour des difficultés respiratoires.

Les organisations de la société civile dénoncent « un écocide silencieux » et accusent l’État de n’avoir « jamais tenu ses promesses » quant au démantèlement des usines les plus polluantes.

Face à la gravité de la situation, le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, dans l’après-midi du samedi 11 octobre 2025, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet, ainsi que le ministre de l’Environnement, Habib Abid.

Selon la présidence, le chef de l’État a dépêché une équipe conjointe des deux ministères à l’usine du Groupe chimique tunisien à Gabès pour remédier aux dysfonctionnements constatés. Il suit la situation de près et insiste sur la mise en place d’un « plan stratégique global pour mettre fin aux catastrophes environnementales ».

« Nos concitoyens de Gabès, comme dans toutes les régions du pays, obtiendront pleinement leurs droits… une Tunisie verte, débarrassée de toute pollution », a-t-il ajouté.

La catastrophe de Gabès remet sur la table un vieux dossier que les gouvernements successifs n’ont jamais véritablement réglé. Entre promesses non tenues, retards accumulés et absence de solutions structurelles, la population locale estime vivre « sous perfusion toxique ».

Les alertes répétées d’experts et d’associations écologistes font craindre que Gabès ne devienne le symbole national de la faillite environnementale du pays.

I.N.

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