Le professeur d’économie Moez Soussi est revenu, mardi 14 octobre 2025, sur le déficit de la balance commerciale afin d’en proposer une analyse économique.
Invité de l’émission Expresso, diffusée sur les ondes d’Express FM, M. Soussi a d’abord expliqué que les échanges commerciaux influent sur la production de biens, et non sur celle des services.
Il a indiqué que l’aggravation du déficit de la balance commerciale par rapport à l’année 2024 relève d’un problème majeur au niveau des échanges. Il a également rappelé que la moitié de ce déficit provient du secteur énergétique.
Moez Soussi a en outre relevé des problèmes de production et de gouvernance dans le domaine de l’énergie. « Nous n’avons pas fourni assez d’efforts en matière de transition énergétique », a-t-il déploré.
Il a ensuite rappelé qu’en dépit d’un bon taux de croissance de 3,2 % durant le deuxième trimestre de 2025, le raffinage de pétrole a reculé de 69 %. « C’est un taux phénoménal qui prouve la dégringolade de la production et explique l’aggravation du déficit de la balance commerciale », a-t-il ajouté.
M. Soussi a précisé : « Quand j’étudie la structure de ce déficit commercial, je ne peux pas dire qu’il est très dangereux, à condition qu’il ne concerne que le déficit énergétique ».
Il a également souligné qu’après l’énergie et les biens d’équipement, les céréales figuraient parmi les principaux postes déficitaires de la balance commerciale, révélant un problème structurel dans ce secteur qu’il faut impérativement résoudre.
« Nous pouvons dire qu’il y a un changement structurel dans les sources du déficit commercial, ce qui est porteur de promesses et pourrait annoncer la création de richesse dans les mois à venir », a estimé Moez Soussi.
Concernant l’huile d’olive, il a précisé que ce produit aurait pu générer jusqu’à 4 500 millions de dinars de recettes d’exportation si les prix avaient été maintenus. Cette baisse des prix a, selon lui, contribué à l’aggravation du déficit.
« Quant au phosphate, il est vrai que des efforts ont été faits en matière de production, mais le problème réside dans la chute des prix à l’échelle mondiale : le prix de la tonne est passé de 350 à 150 dollars », a-t-il souligné, ajoutant que si le prix du pétrole venait à augmenter, la situation deviendrait critique. D’où la nécessité, selon lui, de trouver une solution durable au déficit énergétique.
S’agissant des partenaires économiques, Moez Soussi a plaidé pour le maintien des partenaires traditionnels, tout en appelant à l’ouverture de nouveaux marchés, notamment pour l’huile d’olive en Chine.
« La solution n’est pas d’arrêter les importations ; cette perspective est erronée. Il faut savoir importer, c’est le plus important », a conclu Moez Soussi, en insistant sur le fait que la Tunisie importe principalement des produits intermédiaires ou de production, et non des biens de consommation.
H.K