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18 mandats de dépôt à Gabès après les manifestations contre la pollution

Par Myriam Ben Zineb

Le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor, a confirmé, jeudi 16 octobre 2025, l’émission de 18 mandats de dépôt à l’encontre de plusieurs participants aux manifestations de protestation qui ont eu lieu hier à Gabès contre la pollution, parmi lesquels six mineurs.

Il a précisé que ce nombre est susceptible d’augmenter dans les heures à venir, les opérations d’arrestation se poursuivant toujours.

Depuis vendredi 10 octobre, la région vit, en effet, au rythme des protestations sociales contre ce que le président de la République, Kaïs Saïed, avait qualifié en 2022 de « crime environnemental ». Une affirmation restée sans suite concrète, selon les habitants, qui continuent de subir les rejets toxiques du complexe chimique tunisien (GCT).

Dans une ambiance à la fois grave et déterminée, la foule a défilé pacifiquement dans les rues de Gabès, scandant des slogans appelant au respect du droit à la santé et à un environnement sain : « Gabès veut respirer ! », « Le peuple veut le démantèlement des unités polluantes ! », « Nous avons le droit de vivre dans une ville propre ! ». Les pancartes affichaient des messages explicites : « Nos enfants suffoquent », « Assez de promesses, place à l’action ».

Plusieurs associations et collectifs environnementaux avaient multiplié les appels à la mobilisation. Des militants de la société civile, des jeunes, des familles entières et même des groupes ultras locaux se sont joints à la marche, dans un élan de solidarité inédit. Les participants réclament la fin immédiate des activités polluantes du GCT et l’application intégrale de l’accord du 29 juin 2017, resté lettre morte jusqu’ici.

Bien que pacifique, la mobilisation a été violemment dispersée par les forces de l’ordre au moyen de gaz lacrymogène. Les agents sécuritaires ont tenté d’éloigner les manifestants des locaux du complexe chimique.

Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des participants suffoquant, les yeux rougis. Ce recours à la force a suscité une vague d’indignation. De nombreux observateurs et militants ont dénoncé une réponse jugée « disproportionnée » à un mouvement citoyen pacifique. « Au lieu d’écouter la voix des habitants, les autorités ont préféré le silence et la répression », a commenté l’un des participants.

Pour les citoyens de Gabès, la manifestation du 15 octobre n’était pas seulement un cri d’alerte environnemental, mais un acte de résistance face à des décennies d’indifférence. Un message clair adressé à Tunis : celui d’une ville qui refuse de suffoquer en silence.

M.B.Z

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