La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de corruption financière auprès de la Cour d’appel de Tunis a condamné l’homme d’affaires Maher Chaâbane à une peine de deux ans de prison ferme. Cette décision fait suite à une affaire concernant la constitution de prodits illicites à l’étranger sans autorisation de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
Le dossier, instruit par le Pôle judiciaire économique et financier, aurait révélé l’implication de Maher Chaâbane dans l’obtention de profits illicites et le transfert de fonds à l’étranger sans les déclarations requises, selon des sources judiciaires. L’entrepreneur, déjà confronté à plusieurs affaires de corruption financière et administrative, cumule ainsi de nouvelles accusations à un passif judiciaire déjà chargé, incluant des peines de prison et des amendes substantielles, toujours selon cette même source.
Maher Chaâbane est un acteur majeur dans le secteur immobilier et des travaux de construction en Tunisie. Ses activités sont passées au crible pour blanchiment d’argent, abus de pouvoir pour obtenir des prêts bancaires de manière irrégulière, et octroi de cadeaux et avantages interdits. Les enquêtes auraient mis en lumière un réseau complexe de transactions financières douteuses, tant sur le plan national qu’international, conduisant à des mesures judiciaires strictes à son encontre, telles que l’interdiction de voyager et sa détention sur plusieurs affaires, précise la même source.
Cette condamnation s’inscrit dans la continuité d’autres jugements. Le 21 mars 2025, la même chambre criminelle avait confirmé une peine d’un an de prison prononcée en première instance contre Maher Chaâbane pour des infractions liées à la construction d’un centre commercial à Sousse. Le 14 février dernier, sa demande de libération avait été rejetée par la chambre d’accusation, qui l’avait renvoyé devant la chambre spécialisée en corruption financière. Il doit notamment répondre de plusieurs chefs d’accusation : constitution d’une bande criminelle, adhésion à un groupe pour attaquer des biens et des personnes, abus de fonction, préjudice à l’administration, violation des règlements, corruption active et passive, ainsi que falsification de documents.
Dans le cadre de cette affaire, deux directeurs de la banque publique STB ont été arrêtés pour avoir accordé à Maher Chaâbane des prêts dépassant 240 millions de dinars sans garanties réelles. D’autres responsables bancaires, ainsi que des ex-chargés de mission ministériels et un expert judiciaire, sont placés sous interdiction de quitter le territoire, tandis que certains anciens dirigeants restent libres sous contrôle judiciaire.
I.N.