Le Conseil régional de l’Ordre des médecins à Gabès a exprimé, vendredi 17 octobre 2025, sa vive inquiétude face à la dégradation environnementale persistante dans la région et ses conséquences directes sur la santé publique.
Dans un communiqué, le Conseil décrit une situation « préoccupante et alarmante » liée aux émissions du Groupe chimique tunisien (GCT) et de son environnement, à l’origine de cas récurrents d’étouffement et de difficultés respiratoires chez les habitants.
Le document souligne : « Les impacts environnementaux catastrophiques et les risques sanitaires graves ne sont plus à démontrer et se constatent au quotidien depuis des décennies. »
Les médecins mettent également en évidence le lien direct entre les troubles de santé aigus actuels et l’incapacité des institutions sanitaires locales à faire face à ces situations, qualifiant les mouvements citoyens pacifiques de « réponse à une situation chronique pour laquelle aucune perspective de résolution n’est visible ».
Face à cette crise, le Conseil appelle les autorités régionales et nationales à une « intervention urgente et effective pour limiter les sources de pollution, une évaluation des dommages sanitaires et environnementaux, et l’élaboration d’un plan clair de protection des citoyens ».
Enfin, le Conseil réaffirme sa disponibilité à collaborer avec toutes les parties prenantes pour améliorer la situation environnementale et garantir la sécurité sanitaire des habitants.
Ce communiqué intervient alors que les habitants de Gabès dénoncent depuis des années la pollution industrielle et ses effets dévastateurs sur la santé, qualifiant la situation d’« écocide silencieux ». Les derniers épisodes d’intoxication, ayant touché notamment des enfants, ont relancé les appels à des mesures concrètes.
En parallèle, le président Kaïs Saïed avait reçu, samedi 11 octobre 2025, les ministres de l’Industrie et de l’Environnement pour évaluer la situation et mettre en place un plan stratégique visant à « mettre fin aux catastrophes environnementales récurrentes » dans la région.
Pour sa part, l’expert Houcine Rhili a averti que la réhabilitation du golfe de Gabès des rejets polluants du GCT pourrait prendre près de 150 ans. Il souligne l’urgence de mettre en œuvre dès maintenant de solutions progressives, en rappelant qu’une expérience similaire dans le passé n’avait produit de résultats qu’après vingt ans, et insistant sur l’adoption de techniques de transformation du phosphate plus propres.
I.N.