Le porte-parole de la Garde nationale et représentant du ministère de l’Intérieur, Houssemeddine Jebabli, est intervenu, samedi 18 octobre 2025, dans le journal télévisé de la Watania 1, pour revenir sur la situation sécuritaire à Gabès, à la suite des protestations qui ont secoué la région.
Retour au calme « grâce aux habitants… et aux femmes libres de Tunisie »
« Le calme est revenu dans le gouvernorat de Gabès grâce aux efforts conjoints des unités sécuritaires et des habitants, ainsi qu’aux femmes libres de Tunisie dont a parlé le président de la République lors de sa rencontre avec les présidents de l’Assemblée des représentants du peuple et du Conseil national des régions et des districts. L’une d’elles, issue de Gabès, a joué un rôle déterminant dans la levée d’un sit-in en convainquant plusieurs groupes impliqués dans des actes de vandalisme de s’en retirer », a-t-il déclaré.
Le colonel a souligné que les unités sécuritaires avaient agi avec fermeté. « Les directions générales de la Sûreté nationale, des unités d’intervention, de la sécurité publique et des brigades anti-émeute se sont déployées à environ 500 mètres de l’entrée du Groupe chimique tunisien pour protéger le site. De leur côté, les unités de la Garde nationale ont sécurisé près de 200.000 tonnes de matières dangereuses. Si ces produits avaient été atteints ou sabotés, cela aurait pu provoquer une véritable catastrophe à Gabès et dans ses environs », a-t-il précisé.
Il a salué le rôle du citoyen « honnête » et des habitants « fiers et dignes » de Gabès, face « aux fauteurs de troubles et à ceux qui ont vendu leur conscience », dénonçant « ceux qui ont exploité le dossier environnemental de Gabès à des fins personnelles, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ». Ces personnes, a-t-il ajouté, sont « connues des unités sécuritaires et de la justice » et font l’objet « d’enquêtes, de recherches et de suivis continus ».
Interrogé sur les arrestations, Houssemeddine Jebabli a indiqué : « Le parquet n’a ordonné la garde à vue que de deux individus impliqués dans des affaires de droit commun. Pour les autres, il a estimé qu’ils pouvaient rester en liberté jusqu’à leur présentation devant la justice. Les unités sécuritaires ont fait preuve d’une grande retenue pendant environ cinquante minutes, malgré les agressions qu’elles ont subies ».
« Plus de 500 fumigènes et 800 cocktails Molotov contre les forces de l’ordre »
Il a tenu à distinguer deux formes de protestation : « Il y a les manifestations pacifiques, encadrées par les forces de l’ordre conformément à la Constitution, et les actes de vandalisme. Les premières sont un droit garanti par la Constitution tunisienne, mais manifester ne veut pas dire lancer des engins incendiaires. On parle de plus de 500 fumigènes brûlants utilisés contre les unités de sécurité, d’environ 800 cocktails Molotov, de barres de fer, d’outils de démolition et d’actes de pillage et de vol ».
« L’État tunisien, à travers ses forces de sécurité, a le devoir d’assurer la stabilité, de préserver la paix sociale et de protéger les biens publics et privés », a-t-il martelé.
Le porte-parole a précisé que des réunions de coordination et de concertation avaient eu lieu avec les notables et figures influentes de la région afin d’appeler à la retenue et à la préservation des jeunes. Il a souligné que plusieurs mineurs avaient été utilisés dans les affrontements.
« Ces jeunes ont reçu des sommes d’argent ou des stupéfiants pour les inciter à participer à des actes de violence. Nous avons appelé les familles à protéger leurs enfants et à ne pas les laisser être manipulés », a-t-il affirmé.
Abordant la question environnementale, Houssemeddine Jebabli a reconnu la gravité de la situation : « Le Groupe chimique est présent à Gabès depuis les années 1970, soit plus de cinquante ans. Oui, il existe un danger environnemental et une pollution. Et c’est le droit de tout citoyen de Gabès de respirer un air pur et non pollué. C’est d’ailleurs la volonté du président de la République ».
Il a rappelé que ce dernier avait ordonné, dès les premiers cas d’intoxication collective, la création d’une équipe conjointe entre les ministères de l’Environnement et de l’Industrie, afin de mener des investigations sur le terrain. « Cette mission a constaté de nombreuses infractions », a-t-il précisé.
Le responsable a aussi évoqué la présence d’« individus » qui, selon lui, ont « instrumentalisé la colère populaire pour manipuler des mineurs et les pousser vers la violence », ajoutant que « des enquêtes sont ouvertes depuis 2022 par la sous-direction des recherches de la Garde nationale sur plusieurs responsables du Groupe chimique ».
L’État cherche une dépollution radicale avec expertise nationale et internationale
Enfin, Houssemeddine Jebabli a évoqué les pistes de solution envisagées par l’État : « Le président de la République a tenu plusieurs réunions avec la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, ainsi qu’avec le ministre de l’Environnement, pour trouver une solution radicale à la question du complexe chimique et phosphatier de Gabès. Ce matin, le ministre de l’Équipement a tenu une réunion avec l’ambassadeur de Chine en Tunisie, pour examiner les moyens de coopération technique dans ce domaine. La Chine possède une expérience avancée en matière de dépollution industrielle ».
« Les recherches se poursuivent avec les experts tunisiens et le groupe de travail commun entre les ministères de l’Environnement et de l’Industrie pour parvenir à des solutions concrètes et durables », a conclu le porte-parole de la Garde nationale.
M.B.Z