La tension monte à Gabès. Dans la nuit de vendredi à samedi 18 octobre 2025, une vaste campagne d’arrestations a visé plusieurs dizaines de jeunes ayant participé aux manifestations pacifiques réclamant la fermeture des unités polluantes du Groupe chimique tunisien (GCT). Ces interpellations, menées durant la nuit, ont suscité une vive réaction du collectif Stop Pollution, qui dénonce une « opération arbitraire et injustifiée ».
Le président de la section de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) à Gabès, Ahmed Chelbi, a confirmé de son côté qu’ « une vaste campagne d’arrestations a visé des dizaines de personnes depuis la nuit de vendredi jusqu’à la matinée du samedi, à la suite des récentes protestations à Gabès ».
D’après les informations disponibles, 38 personnes ont été arrêtées depuis le début des protestations, dont 25 ont été placées en détention. Dans la nuit de vendredi à samedi, 18 jeunes ont été interpellés lors de descentes menées dans les cafés de la région et aux domiciles de plusieurs habitants.
Dans un communiqué publié samedi 18 octobre, le collectif Stop Pollution affirme suivre « avec une profonde inquiétude » ce qu’il décrit comme une recrudescence des méthodes répressives : perquisitions nocturnes, arrestations sans motif légal et ciblage systématique de citoyens engagés dans la défense du droit à un environnement sain. Selon le collectif, « le pouvoir a choisi de se ranger du côté du Groupe chimique, contre les habitants de Gabès et contre le droit à la vie ».
Le collectif tient l’État tunisien — en particulier la Présidence de la République — pour responsable de la sécurité des personnes arrêtées, et impute au ministère de l’Intérieur ainsi qu’au parquet de Gabès toute responsabilité en cas d’atteinte à leur intégrité physique ou morale. Il exige leur libération immédiate et inconditionnelle, rappelant le caractère pacifique et civil de la mobilisation.
Stop Pollution s’étonne par ailleurs du silence du gouvernement face à la poursuite des émissions toxiques et aux cas d’intoxications collectives dans la région, déplorant qu’aucune mesure concrète n’ait encore été prise pour appliquer la décision du 29 juin 2017 prévoyant le démantèlement des unités polluantes.
Le collectif appelle toutes les organisations de défense des droits humains ainsi que les citoyens à se solidariser avec les détenus et à participer aux prochaines mobilisations civiles en faveur du droit de Gabès à respirer.
Pour rappel, les protestations se sont intensifiées ces dernières semaines dans la région, sur fond de crise environnementale persistante et de dégradation sanitaire. Plusieurs structures professionnelles et associatives — dont le Conseil régional de l’Ordre des médecins, la section régionale de l’Ordre des avocats et l’UGTT — ont tiré la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation et appelé à l’application immédiate des décisions de démantèlement.
M.B.Z