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On leur demande de penser « out of the box ». Il s’avère que ce sont eux qui sont totalement « out »

Par Sofiane Ben Hamida

Par Sofiene Ben Hamida

Dans un pays qui s’est révolté pour se défaire d’une longue dictature, qui a connu une transition démocratique calamiteuse et qui vit une phase de populisme qui cache mal ses tendances totalitaires, on s’attend à ce que ses dirigeants trouvent des solutions innovantes aux multiples problèmes du pays, dont certains remontent très loin dans le temps.

On est en droit de s’attendre à ce que ces dirigeants réfléchissent en dehors des sentiers battus. Il n’en est rien malheureusement. Nos dirigeants se cramponnent dans leur zone de confort et, quand ils ne sont pas dans le déni ou murés totalement dans une logique complotiste, ils proposent inlassablement les mêmes solutions qui ont montré leur inefficacité dans le passé pour des problèmes qui ne cessent de s’aggraver avec le temps.

Gabès, symbole d’un désastre écologique et humain

Ce qui se passe à Gabès est un exemple édifiant : la crise sanitaire et écologique est réelle. Les victimes des émanations de gaz parmi les jeunes et les moins jeunes sont réelles elles aussi. L’exaspération des populations civiles qui vivent ce calvaire depuis des décennies dans l’indifférence totale est réelle aussi. Cela explique les mouvements sociaux qui secouent la ville de Gabès et la colère qui y gronde depuis plusieurs jours et qui est bien réelle.

Répression et discours complotiste

Face à cette situation des plus réelles, ce que proposent les autorités est insignifiant et ne présage rien de bon. Sur le terrain, ils ont vite dépêché les forces de l’ordre pour déverser sur les foules leur gaz lacrymogène, comme si le gaz du complexe chimique n’était pas suffisamment asphyxiant. Tout cela édulcoré par un discours complotiste et menaçant repris largement par les hordes de flagorneurs du pouvoir. Il s’avérerait selon eux qu’à l’origine de la crise de Gabès, il y a des comploteurs qui paient des mineurs non contrôlés par leurs parents pour jouer les casseurs et provoquer les confrontations avec les forces de l’ordre.

Ce qui est drôle et dramatique, c’est que ce discours a été repris, en partie, par le porte-parole de la garde nationale sur la chaîne télévisée publique. Plus encore, ce dernier ne s’est pas gêné de l’amalgame dans lequel il s’est fourré et s’est permis d’exposer longuement la politique gouvernementale, oubliant qu’il est le représentant d’une structure armée paramilitaire strictement apolitique.

L’impuissance d’un pouvoir sans vision

Sinon, « circulez, il n’y a rien à voir ». Ce qu’on propose aux habitants de Gabès est une délégation ministérielle composée de deux ministres qui iront pour constater l’étendue du désastre et essuyer la colère des habitants, mais qui n’ont pas la moindre solution ou la moindre idée à avancer. On propose aussi une plénière au parlement en présence de la cheffe du gouvernement, qui n’aura pas lieu heureusement. Une telle réunion n’aurait servi qu’à mettre une déferlante de discours populistes et improductifs face à une incompétence gouvernementale confirmée et affligeante. D’ailleurs, inviter les présidents des deux chambres au palais de Carthage pour discuter avec eux de la situation à Gabès n’est-il pas une perte de temps ?

Tout le monde sait en effet que les deux chambres sont mal élues, que leur crédibilité est au plus bas, qu’elles ne représentent, au mieux, qu’à peine dix pour cent des électeurs et qu’elles jouent le rôle de chambre d’enregistrement quand leur rôle n’est pas strictement figuratif.

La dernière proposition gouvernementale est encore plus affligeante. Elle consiste à demander l’aide des Chinois pour régler le problème écologique causé par le complexe chimique à Gabès. Il faut rappeler à ce propos que la Chine est le plus grand pollueur de la planète. Elle est responsable de presque le tiers des émissions de gaz à effet de serre. En plus, ce n’est pas la première fois que les autorités tunisiennes s’adressent aux Chinois pour une coopération sur des projets d’envergure. À chaque fois, les discours encourageants ne sont suivis par aucune action concrète. Il n’y a qu’à voir les vestiges du stade El Menzah pour tout comprendre.

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2 commentaires

  1. zaghouan2040

    19 octobre 2025 | 16h52

    Ce que l’on assiste actuellement a Gabes est l’illustration concrète du banditisme et parasitisme d’Etat qui prévaut depuis 80 ans sans interruption
    Il faut que vous sachiez que lors des débordements de mercredi soir dernier il y avait des casseurs qui n’étaient pas as originaires de Gabes
    Bien que cagoules et agissant dans l’obscurité ils ont été reconnus comme étrangers à la région a cause de leur accent
    Tout le monde se connait a Gabes

    Mais la traîtrise institutionnalisée ne s’arrête pas là; bien au contraire

    Elle débuté des les années 70 lors du choix des sites de transformation du phosphate Gabes Sfax Mdhilla Bizerte Tunis Kasserine etc etc

    Le crime d’Etat s’est poursuivi et aggravé pendant des décennies par exemple lors du choix de ne pas rénover ou améliorer les dispositifs de traitement des rejets toxiques

    Les pseudos responsables connaissaient en détail risques et impacts

    Je persiste au risque de passer pour un dérangé qu’aucune i industrie polluante au sens de la directive SEVESO 3 n’a reçu l’aval des autorités pour être implémentées au Sahel : un projet de raffinerie a été écarté en 1983 le site de la RNTA a été implémenté a Kairouan et un
    projet de cimenterie a été déplacé a Enfidha
    Pas question de risquer la santé et la sécurité de la population du Sahel

    Celui qui veut me contredire n’a qu’à s’exprimer

  2. Rationnel

    19 octobre 2025 | 15h44

    Un problème qui n’est pas si compliqué. La GCT a commandité une étude pour examiner le problème et recommander des solutions (l’étude est disponible publiquement sous le titre : Réalisation d’une mission d’audit environnemental et social (E&S) des sites du Groupe Chimique Tunisien (Gabès, Skhira, et M’dhilla 1) P-TN-BB0-010). Une bonne étude qui fournit des détails importants pour comprendre la situation, l’étendue de la pollution et les solutions proposées.
    Donc pourquoi la politisation de cette situation par les deux adversaires ?
    Les solutions ne sont ni coûteuses, ni compliquées relativement à la capacité de production de la GCT.
    La GCT est un acquis et produit des produits essentiels pour l’agriculture en Tunisie et dans le monde.
    La rencontre avec l’ambassadeur chinois est du « show » pour communiquer le message que le gouvernement est en train de chercher des solutions alors que les solutions sont prêtes.
    Les détails de ces solutions sont disponibles dans le rapport.
    La confrontation entre les deux camps a probablement coûté plus que la solution dont le coût global est seulement de 306 millions TND, le coût de la remédiation de la pollution de l’air ambiant est environ de 100 millions de TND. La mobilisation de plusieurs milliers de policiers, gaz lacrymogène, heures supplementaires, perte de productivite, cout sanitaire… coûte sûrement plusieurs milliers de dinars par jour.