Lors de la séance plénière du lundi 20 octobre 2025, consacrée à la situation environnementale à Gabès, le député et président de la commission de l’Agriculture, Bilel Mechri, a livré une intervention marquée par l’ironie et la colère. Il a qualifié les habitants de la région de « comploteurs », pour avoir osé dénoncer les dangers chimiques qui menacent leur santé.
« Aux comploteurs de Gabès, pourquoi n’avez-vous pas enterré vos enfants en silence ? Pourquoi n’avez-vous pas enterré vos proches morts du cancer en silence ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas contentés de respirer du SO₂ plutôt que de l’oxygène ? », a lancé le député, fustigeant ainsi l’inaction du gouvernement et le déni persistant face à une pollution industrielle dramatique.
Mechri a affirmé que la concentration du dioxyde de soufre (SO₂) à Gabès dépasse 26 fois la limite légale, dénonçant des politiques incohérentes et des projets industriels « fantômes » engagés depuis 2013 pour un montant de 1.300 milliards, sans véritable impact. Il s’est appuyé sur un rapport de la Cour des comptes pour pointer l’absence totale de suivi et de transparence.
S’attaquant directement à la ministre de l’Énergie – visée, selon lui, par une plainte déposée avec sept autres députés –, il a accusé le gouvernement de crimes environnementaux et d’une incapacité structurelle à agir. Il a exigé la suspension immédiate des unités industrielles polluantes pour permettre un contrôle indépendant et dénoncé les exportations d’ammonite par le Groupe chimique tunisien, alors que les agriculteurs locaux en manquent.
« Le vrai problème aujourd’hui, ce n’est pas l’oxygène, mais la liberté, le travail et la dignité », a-t-il conclu, accusant le gouvernement d’avoir trahi les principes de la révolution et abandonné les habitants de Gabès à leur sort.
Bilel Mechri a enfin appelé les députés à déposer une motion de censure contre le gouvernement, qu’il accuse de faire dériver le pays. Il a dénoncé l’existence de complots internes au sein de l’État, impliquant, selon lui, des responsables qui auraient vendu les récoltes de dattes, de céréales et d’olives à des mafias étrangères, tout en privant des citoyens d’eau et d’électricité.
R.B.H