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La LTDH alerte sur la dérive répressive à Gabès

Par Sarra Hlaoui

La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a tiré la sonnette d’alarme face à la situation explosive que connaît le gouvernorat de Gabès, entre catastrophe environnementale et répression sécuritaire. Dans un communiqué publié lundi 20 octobre 2025, l’organisation présidée par Bassem Trifi dénonce à la fois la gravité de la pollution dans la région et la violence des interventions policières contre les manifestations pacifiques.

La LTDH rappelle que les mobilisations récentes à Gabès sont nées du désespoir des habitants face à un environnement devenu invivable, en raison des activités du Groupe chimique tunisien. À Chott Essalem, la population a été une nouvelle fois frappée par des cas d’asphyxie : 69 élèves et quatre citoyens ont récemment dû recevoir des soins après avoir inhalé des émanations toxiques.

Pour la Ligue, la persistance du statu quo et des promesses non tenues traduit « une politique de lenteur et de déni » qui porte atteinte au droit à la vie et à un environnement sain, deux droits fondamentaux garantis par la Constitution.

Mais au lieu d’écouter la colère légitime des habitants, les autorités ont choisi la voie de la répression. Selon la LTDH, les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force lors des récentes manifestations, provoquant plusieurs blessés et l’arrestation de 89 personnes, dont une vingtaine de mineurs. Certains manifestants ont été placés en détention, d’autres traduits devant la justice.

Face à cette escalade, la Ligue appelle les autorités à cesser immédiatement la répression, à garantir le droit de manifester pacifiquement et à abandonner toutes les poursuites engagées contre les citoyens et citoyennes de Gabès. Elle réclame par ailleurs la suspension des activités industrielles polluantes et l’application immédiate du décret ministériel de juin 2017, qui prévoit le démantèlement des unités polluantes du complexe chimique.

La LTDH exige également l’ouverture d’une enquête indépendante sur les violences policières et la sanction de toute personne impliquée dans des violations des droits humains. Elle rappelle que « le droit à un environnement sain est un droit constitutionnel », et que le retard dans le traitement de ce dossier constitue « une faute grave et un manquement aux engagements de l’État tunisien ».

L’organisation plaide enfin pour un véritable dialogue national et régional, associant les habitants, les autorités locales et centrales ainsi que la société civile, afin d’imaginer un modèle de développement équitable et durable pour la région de Gabès.

En conclusion, la LTDH salue la mobilisation des syndicalistes, des avocats et des acteurs de la société civile, et exprime son soutien à la grève générale régionale annoncée dans le gouvernorat. Elle appelle toutes les forces vives à y participer « en défense du droit à la vie, à la dignité et à un environnement sain ».

Pour la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, le silence de l’État et la poursuite des politiques d’inaction ne sont plus tolérables : ils représentent aujourd’hui « une menace directe pour la santé et la vie des habitants de Gabès ».

S.H

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