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Influenceur sans diplôme : la Chine pourrait vous rappeler à l’ordre… ou pas

Par Rabeb Aloui

Sur Facebook, une publication massivement partagée affirme qu’à partir d’octobre 2025, la Chine aurait instauré une nouvelle loi obligeant tous les créateurs de contenu à prouver qu’ils possèdent un diplôme universitaire ou une qualification scientifique avant de pouvoir parler en ligne de santé, de droit, de finances ou d’éducation. Selon la publication, « avoir une belle voix et des milliers d’abonnés ne suffira plus ». L’annonce présentée comme une décision officielle de Pékin, a suscité de nombreuses réactions. Certains internautes y ont vu une mesure salutaire pour lutter contre la désinformation, d’autres ont dénoncé une atteinte à la liberté d’expression. Face à la viralité de cette information, nous avons vérifié.

En réalité, cette affirmation est en grande partie exagérée. Il est vrai que la Chine renforce depuis plusieurs années le contrôle des contenus diffusés sur ses plateformes numériques, en particulier lorsqu’ils concernent des sujets jugés sensibles comme la santé, le droit ou les finances. Les autorités chinoises exigent déjà, dans certains cas, que les influenceurs traitant de ces thématiques disposent de qualifications ou de certifications reconnues. Ces règles, émises par la Cyberspace Administration of China (CAC), visent à éviter que des personnes non formées diffusent des conseils médicaux, juridiques ou financiers erronés. Cependant, aucune source officielle, ni loi récemment adoptée, ne confirme l’existence d’une mesure générale applicable à tous les créateurs de contenu dès octobre 2025.

La confusion semble venir d’un amalgame entre plusieurs textes réglementaires. D’une part, une nouvelle loi chinoise sur les diplômes universitaires entrera bien en vigueur le 1er janvier 2025, elle concerne la délivrance et la vérification des diplômes dans l’enseignement supérieur, pas les activités en ligne. D’autre part, la CAC a publié en 2023 des directives encadrant la diffusion d’informations spécialisées sur les réseaux sociaux, invitant les plateformes à s’assurer que les influenceurs « aient les qualifications nécessaires » lorsqu’ils évoquent la médecine ou le droit. Ces textes, bien qu’existants, ne mentionnent ni date d’application en octobre 2025, ni obligation de posséder un diplôme universitaire spécifique pour s’exprimer sur ces sujets.

Aucune publication officielle chinoise consultée ne fait état d’une nouvelle loi adoptée cette année imposant une telle condition. Les articles partagés sur les réseaux sociaux semblent plutôt reprendre des analyses d’anciennes réglementations en les présentant comme une nouveauté.

R.A.

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