La secrétaire générale adjointe de la Fédération générale de l’enseignement secondaire, Jouda Dahmane, a tiré la sonnette d’alarme, vendredi 24 octobre 2025, après l’agression violente d’une enseignante à Mahdia par des parents d’élèves.
Intervenant sur Jawhara FM, elle a dénoncé une dérive inquiétante : « Le dialogue a disparu dans le pays. Le recours à la violence est devenu un moyen de communication entre les citoyens, et il est urgent que les autorités prennent conscience de la gravité de cette situation. La violence est devenue un monstre qui dévore l’institution éducative ».
Selon elle, cette attaque, survenue au collège de Zalba dans la délégation de Sidi Alouane, ne vise pas seulement une enseignante mais touche toute la communauté éducative. « L’état psychologique de la collègue est très dégradé. Elle est effondrée », a-t-elle ajouté.
Les faits remontent à la matinée du mercredi 22 octobre. D’après un communiqué publié par le syndicat régional de l’enseignement secondaire de Mahdia relevant de l’UGTT, un rassemblement de protestation s’est formé avant le début des cours devant l’établissement. Les manifestants ont bloqué l’accès au collège et empêché le personnel enseignant d’entrer.
Quatre d’entre eux — une femme et trois hommes — sont ensuite passés à l’acte en agressant violemment une enseignante à l’intérieur du collège, sous les yeux de ses élèves. La victime a subi des blessures physiques, la déchirure de son sac, la confiscation de son téléphone et un traumatisme psychologique profond.
La section syndicale a immédiatement demandé aux enseignants d’évacuer les lieux et à ceux qui n’étaient pas encore arrivés de ne pas se rendre à l’établissement, jusqu’à ce que les conditions de sécurité soient rétablies. L’enseignante agressée a par la suite été accompagnée au poste de la Garde nationale de Sidi Alouane pour déposer plainte contre ses agresseurs.
Le syndicat a, de son côté, appelé le directeur du collège à porter plainte au nom de l’institution éducative, estimant que cette attaque constitue une atteinte grave à l’école publique et à la mission éducative de l’État.
Dans son communiqué, l’UGTT dénonce un climat de violence croissante au sein des établissements scolaires, qu’elle impute à la passivité des autorités éducatives. « Ce qui s’est passé à Zalba n’est pas un incident isolé, mais le résultat du laxisme des structures du ministère dans la protection juridique et physique des enseignants. Le corps éducatif est aujourd’hui dévalorisé et transformé en cible facile », souligne le syndicat.
Il tient la délégation régionale de l’Éducation pour responsable et réclame la poursuite judiciaire des agresseurs ainsi que la réhabilitation morale et professionnelle de l’enseignante et de l’établissement.
En signe de solidarité et de protestation, le secteur de l’enseignement secondaire à Mahdia a mené une grève régionale d’une heure, hier, dans toutes les salles des professeurs des collèges et lycées du gouvernorat.
M.B.Z
