Dans un message publié, samedi 25 octobre 2025, sur les réseaux sociaux, la députée Fatma Mseddi a appelé à « repenser la relation entre l’État et les associations », tout en saluant les efforts du pouvoir actuel pour restaurer la souveraineté nationale.
Elle a rappelé qu’avant la révolution, certaines associations et organisations nationales bénéficiaient d’un financement public, tandis qu’après 2011, « certaines d’entre elles se sont transformées en instruments recevant des financements étrangers douteux sous des intitulés séduisants ». Pour la députée, il est « inacceptable que ces associations se réfugient derrière un prétendu passé militant pour échapper à toute reddition de comptes ».
Fatma Mseddi a ajouté que « certaines institutions de l’État elles-mêmes se sont ouvertes à ces financements étrangers durant la décennie passée, permettant à des agendas extérieurs de s’infiltrer ». Elle estime néanmoins que « le régime actuel a commencé à fermer nombre de canaux auparavant ouverts aux financements suspects » et à « reprendre une part de la souveraineté nationale dans la prise de décision », un effort qu’elle juge « digne d’être salué et soutenu ».
La députée a enfin mis en garde contre les associations à référentiel islamiste et les partis comme Ennahdha et Hizb Ettahrir, qui continueraient, selon elle, d’agir « en profitant du vide juridique ». Elle a appelé à une décision gouvernementale claire pour y mettre un terme, insistant sur la nécessité pour l’État de « compter sur lui-même pour traiter les grandes causes, sans intermédiaires ni façades ».

Le parquet a récemment ordonné l’ouverture d’une enquête sur des financements étrangers perçus par plusieurs associations tunisiennes. Les investigations, menées par la brigade centrale de la Garde nationale à El Aouina et la direction de la police judiciaire à El Gorjani, portent notamment sur des fonds reçus de la fondation américaine Soros (Open Society) et d’autres organismes internationaux.
Selon les rapports de la Banque centrale et de la Cour des comptes, des sommes importantes auraient été versées sur plusieurs années à des structures telles qu’Al Bawsala, le FTDES, I Watch, Inkyfada, ou encore des associations de défense des droits LGBTQ+ comme Mawjoudin, Damj, Chouf et Shams. Ces rapports évoquent des soupçons d’utilisation des fonds à des fins contraires à leurs objectifs déclarés, de blanchiment d’argent et de collaboration avec des entités étrangères.
Jusqu’à présent, les autorités ont ordonné la dissolution de 47 associations et le gel des avoirs de 36 autres, dans l’attente de la finalisation des enquêtes.
Cette prise de position de Fatma Mseddi intervient dans un contexte marqué par la suspension, pour un mois, de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). La décision, notifiée cette semaine, a été justifiée par des « manquements » au décret-loi n°88 sur les associations.
L’ATFD, qui affirme avoir régularisé toutes les observations formulées par la présidence du gouvernement depuis octobre 2024, a dénoncé une décision « injustifiée et arbitraire ». Fondée en 1989, l’organisation féministe accueille chaque année plusieurs centaines de femmes victimes de violences à travers ses centres d’écoute. Sa secrétaire générale, Hela Ben Salem, estime que cette suspension « s’inscrit dans un contexte de harcèlement administratif et médiatique visant les militantes féministes et les défenseurs des droits humains ».
Elle a dénoncé une « escalade » contre la société civile, rappelant le ciblage de plusieurs militantes et la campagne de dénigrement menée sur les réseaux sociaux.
M.B.Z












