S’exprimant publiquement pour la première fois dans l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’État, Karim Guellaty, actionnaire de Business News, a réaffirmé ce lundi 27 octobre 2025 sa confiance en la justice et son intention de ne pas s’y dérober.
« Pour ceux à qui cela avait échappé, je suis un des co-accusés dans l’affaire de complot, dite complot 1. Les accusés comme les affaires de complot n’auraient pu qu’être une tentative plutôt réussie de détourner l’attention ailleurs un temps, si ce n’est qu’en l’espèce, on parle de vies humaines, de leurs destins brisés, de drames. C’est Prévert et ses listes qu’on assassine, Zola et ses causes qu’on convoque », a-t-il déclaré.
Relevant le ridicule de cette affaire, Karim Guellaty ajoute : « J’ai été inculpé, me dit-on, suite à son sombre témoignage anonyme qui m’a fait dîner au Luxembourg, pays où je n’ai jamais mis les pieds, avec Kamel Letaïef que je ne connais pas, BHL que je n’ai jamais ne serait-ce que croisé dans la rue, et Najla Letaïef qui s’avère ne pas exister ».
Il insiste sur sa détermination à ne pas se soustraire à la justice : « Confiant en la justice parce que tel est mon ADN, fort d’un témoignage qui n’a ni queue ni tête, pas même un nom ou une signature, armé de ma conscience, je ne me suis pas dérobé et j’ai continué à aller et venir dans mon pays, parce que humblement et d’ailleurs malheureusement et avec beaucoup de honte, je n’ai rien à assumer ».
Plus d’un an d’instruction s’est écoulé, de février 2023 à avril 2024, durant lesquels il a passé « 123 jours en Tunisie, en faisant onze allers et retours. Pas une fois je n’ai été convoqué par la justice ».
Le 30 avril 2024, il a pourtant été renvoyé devant le tribunal au simple motif… « que j’ai fui. J’ai dû rater le cours de droit, du temps de mes études, sur la notion de fuite. Où est-ce le juge d’instruction ? » a-t-il ironisé.
Karim Guellaty a choisi de réserver ses réponses à la Cour : « Qu’à cela ne tienne, c’est à la Cour que je réservais mes réponses. Et je ne ferai donc aucune déclaration pour me justifier en dehors des prétoires, d’abord parce que je les respecte trop, et ensuite parce que j’ignore tout sur les faits qui me sont reprochés ».
Contre l’avis unanime de tous, il a pris un billet d’avion pour Tunis afin d’être présent aux audiences du 4 mars, du 11 avril, puis du 18 avril 2025. « Fort m’en a pris puisqu’à l’appel des rôles, j’ai d’abord été annoncé absent par le Président du tribunal, en face duquel j’étais assis sur le banc des accusés », raconte-t-il.
Il déplore le manque de procédure : « Pas d’acte d’accusation lu par la Cour, des prévenus en détention sous embargo, aucune question posée à personne, les seuls échanges entre le tribunal et les prévenus sont la durée des suspensions d’audiences ».
Le 18 avril, à 17h30, après une longue pause déjeuner, un verdict a été annoncé de manière soudaine : « Puis subitement, du fait dont on ne sait de quel prince, on nous annonce un verdict à venir, alors que nous étions encore à dérouler la liste des plaidoiries sur les vices de procédure. Liste partagée avec la Cour et dont elle savait que, au regard des nombreuses irrégularités soulevées, il faudra encore quelques audiences pour justifier ce qui apparaissait injustifiable au regard des règles élémentaires du droit. Là encore j’ai dû rater quelques cours. Où est-ce la Cour ? La certitude c’est qu’un des deux a un diplôme de pacotille, ou une conscience de paille, pour ne pas dire un Homme de paille, au service d’un sombre agenda. Le fait est que le droit n’est pas un paillasson sur lequel on s’essuie les pieds, fussent-ils d’officielles moutures ».
« Et c’est ainsi que dès le mardi suivant, je faisais appel d’une condamnation à 25 ans de prison après avoir pris soin de cirer mes chaussures pour ne pas souiller ce que je considère comme Noble et d’autres comme paillasson », poursuit-il, évoquant une condamnation « tombée dans la nuit du vendredi 18 avril au samedi 19 avril, aussi inattendue qu’un cheveu tombant dans une soupe qui n’a pas été cuisinée ».
Apprenant la tenue d’une audience d’appel « sans délai, ni prévenus, ni public, ni presse », Karim Guellaty explique : « Pardon, mais avec toute ma conviction en une justice des Hommes juste, je me range cette fois derrière la théorie de l’évidence. Et demande à cette noble institution judiciaire quelques gages de sa blanche patte. Car elle avait jusque-là plutôt échappé à notre vigilance ».
Il souligne l’importance de défendre la liberté et la vie : « Rien d’humiliant non plus, la Justice est une institution qui appelle foi et respect, donc rien de transcendant, juste que les co-accusés puissent se défendre et être présents à leurs combats… pour la vie. Car il ne saurait y avoir de vie sans liberté. Sur le banc injustement des accusés, d’accord, on s’en défendra, mais pas sur son strapontin non plus. Ni de la prison pour ceux injustement et terriblement en détention, et dont on nie jusqu’à l’existence ».
« Tous, sans exception, nous sommes prêts à l’offrir à notre pays, aussi bien notre liberté que notre vie. Mais, et pardon pour ça, compte tenu de l’enjeu, nous aimerions juste nous assurer que c’est bien à la cause de notre pays qu’on se sacrifie. Et non à des scénarios farfelus de quelques-uns. Nous brûlons de vive passion pour notre pays, mais nous ne nous offrirons pas comme contre-feu en laissant les pyromanes vaquer à leurs sombres destins enflammés », a-t-il insisté.
Enfin, Karim Guellaty conclut : « Je plaide donc non coupable et je n’ai jamais, ne serait-ce que pensé, atteindre à la sûreté de l’État, à ses institutions et à quiconque d’ailleurs. J’aime trop ma Tunisie pour ça. Et l’espèce humaine. Je fais confiance aux Hommes, car beaucoup sont justes, je fais confiance au temps car rien ne l’arrête, je fais confiance à la vérité parce que le mensonge est indémontrable, et enfin je fais confiance à ma Tunisie. Parce que je l’aime. Envers et contre tout. Et tous. Tahya Tounes ».
R.B.H















