La présidente de la Chambre nationale des producteurs d’olives, Najah Saidi Hamed, a appelé, lundi 27 octobre 2025, à une véritable stratégie nationale pour valoriser le secteur oléicole et protéger à la fois les producteurs et les consommateurs tunisiens.
Invitée à s’exprimer sur Mosaïque FM, à l’occasion du lancement de la campagne de récolte 2025-2026, elle a rappelé que la date du démarrage varie selon les régions, chaque gouvernorat décidant en fonction des conditions climatiques, précisant que le pays s’attend à une récolte record de 500 mille tonnes.
« En Tunisie, 500 mille familles vivent directement de la production d’olives. Le producteur est aussi un citoyen qui travaille toute l’année et ne touche ses revenus qu’à la fin de la saison. Quand les prix chutent, c’est tout un pan de l’économie rurale qui s’effondre », a-t-elle déclaré.
Mme Saidi Hamed a souligné que l’abondance de la récolte n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les agriculteurs : « En 2019, nous avons atteint 600 mille tonnes, un record, mais le litre s’était vendu à deux ou 2,5 dinars seulement. Ce fut une année de misère pour les producteurs. Avoir une récolte record doit être accompagné de tout un programme de gestion, de vente et de stockage, ce qui n’était pas le cas, et que nous espérons voir désormais ».
Concernant les mesures récemment annoncées, elle a salué les décisions du président de la République et du gouvernement, notamment l’augmentation des capacités de stockage et la facilitation du financement pour les huileries. Elle a toutefois insisté sur la nécessité de traduire ces orientations en actions concrètes : « Il faut que les banques réagissent positivement. Les agriculteurs endettés doivent pouvoir rééchelonner leurs crédits, et ceux en difficulté doivent accéder à de nouveaux prêts. Nous avons cela dit des échos positifs dans ce sens ».
La présidente de la chambre a également mis en avant la conjoncture internationale favorable : « L’Espagne, premier producteur mondial, a enregistré une baisse de sa production. Cela place la Tunisie au deuxième rang mondial, une opportunité qu’il faut exploiter intelligemment ».
S’agissant du conditionnement, Mme Saidi Hamed a dénoncé la dépendance du pays à l’exportation en vrac : « Nous exportons à peine 10 % de notre huile conditionnée. Le reste part en vrac pour être reconditionné à l’étranger, souvent sous des marques espagnoles ou italiennes. Si nous exportions 60 ou 70 % en bouteilles, la valeur ajoutée serait considérable ».
Et d’ajouter : « Nous devons considérer l’huile d’olive comme notre pétrole vert. L’État devrait investir dans les unités de conditionnement, le verre, l’emballage et la création de marques nationales fortes. Cela profiterait autant aux producteurs qu’à l’économie nationale ».
Enfin, la responsable a appelé à une meilleure régulation du marché intérieur : « Il faut trouver un équilibre entre la protection du consommateur tunisien et la valorisation d’un produit d’exception destiné à l’export. L’huile d’olive nécessaire pour répondre aux besoins du marché intérieur ne dépasse pas les quarante mille tonnes, ce n’est rien par rapport au total de la récolte et c’est facile de trouver le bon compromis pour satisfaire le citoyen et l’agriculteur ».
La cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri, a présidé, samedi, un conseil ministériel restreint consacré à la campagne oléicole 2025-2026. La réunion a permis de passer en revue les mesures destinées à assurer la réussite d’une filière considérée comme stratégique pour l’économie tunisienne.
Mme Zaâfrani Zenzri a rappelé que l’huile d’olive constitue l’un des piliers des exportations tunisiennes et une source vitale de revenus pour des milliers de familles rurales. Elle a insisté sur la nécessité de préserver la qualité du produit, de renforcer sa compétitivité à l’international et de promouvoir l’huile conditionnée, symbole du savoir-faire tunisien.
Le gouvernement a notamment décidé de soutenir les petits exploitants à travers des crédits à taux préférentiels, la simplification des procédures administratives et la mise en place d’un plan national de stockage de 100 à 150 mille tonnes assorti de primes et de subventions.
M.B.Z











