Le professeur et expert en économie Ridha Chkoundali a analysé, dans une publication datée du 27 octobre 2025, la répartition des crédits prévue par le projet de Loi de finances 2026. Selon lui, plusieurs choix budgétaires du gouvernement soulèvent des interrogations, tant sur le plan économique qu’institutionnel.
Pas de Cour constitutionnelle en 2026
Le constat est sans appel : « Le gouvernement n’a prévu aucun financement pour la création de la Cour constitutionnelle », souligne Chkoundali. Alors que cette institution est attendue depuis des années, le ministère des Finances ne lui a consacré « pas un seul millime » dans son budget.
À l’inverse, le Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement a été institué, avec une dotation de 10 millions de dinars pour l’année à venir.
Des coupes incomprises dans l’Industrie et le Tourisme
Seuls deux ministères verront leurs budgets réduits : celui de l’Économie et de la Planification (–62,7 millions de dinars) et celui de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie (–2110,2 millions de dinars).
Si la première baisse reste compréhensible dans le contexte de finalisation du plan quinquennal 2026-2030, la seconde apparaît paradoxale. Le professeur rappelle que le Groupe chimique tunisien de Gabès traverse une crise majeure et que les opérations de démantèlement des unités polluantes exigent d’importantes ressources. Il souligne aussi la performance récente du secteur du phosphate, en hausse de plus de 30 % au deuxième trimestre, qui justifierait davantage d’investissements dans les infrastructures et les équipements.
De même, la réduction de 7,6 millions de dinars du budget du ministère du Tourisme suscite l’incompréhension. Ce secteur, en pleine relance avec une croissance de 7 %, mériterait selon l’expert « plus d’attention et de soutien pour confirmer son redressement en 2026 ».
Un effort social notable mais à concrétiser
Ridha Chkoundali salue toutefois l’effort budgétaire en faveur des ministères à vocation sociale. L’Éducation (+656 millions de dinars), les Affaires sociales (+612,5 millions), la Santé (+350 millions) et le Transport (+190,8 millions) verront leurs budgets augmenter de manière significative, pour un total de 1,8 milliard de dinars supplémentaires.
Mais il reste prudent : « Ces augmentations se traduiront-elles par une amélioration effective de la qualité des services ? », interroge-t-il, appelant les ministères concernés à justifier ces hausses lors du débat parlementaire.
Hausse pour la sécurité et les institutions exécutives
Les ministères de la Défense et de l’Intérieur bénéficieront respectivement d’une hausse de 569 et 308,8 millions de dinars, traduisant une priorité donnée à la sécurité nationale.
Enfin, la présidence du gouvernement et la présidence de la République verront leurs dotations augmenter de 13,5 et 15,4 millions de dinars.
À travers cette lecture critique, Ridha Chkoundali met en lumière une loi de finances 2026 marquée par des choix contrastés, entre renforcement social, arbitrages discutables et priorités institutionnelles assumées.

S.F











Commentaire
jamel.tazarki
Tout comme les individus tirent profit de la spécialisation intelligente, affirme Smith, les nations en tirent également profit. Inutile d’essayer de cultiver des tomates en Tunisie, alors que les vignes, peu gourmandes en eau et plus résistantes à la sécheresse, pourraient être plus profitables pour la Tunisie, sur le plan socio-économique. Il est complètement absurde de cultiver des céréales et du blé au nord de la Tunisie, alors que des champs d’arbres fruitiers seraient plus rentables et plus résilients contre les catastrophes naturelles. Puis, transformer le Cap Bon tunisien en des champs de figuiers, comme il était avant les réformes agricoles des années 60, et y renoncer à la culture absurde des orangers, à la suite de la conquête des nappes souterraines par l’eau de mer.
Tout est à repenser et à refaire différemment que dans le passé, il y a un changement de paradigme socio-économique, -politique et climatique. La Tunisie agricole ne peut plus se permettre les cultures et les méthodes de production des années 60.
Puis, la production de logiciels et les services associés offrent des opportunités de gains importantes, tant pour les entreprises (chiffre d’affaires en croissance) que pour les professionnels (salaires attractifs). Le secteur dynamique de la transformation numérique, la forte demande pour des compétences spécialisées (cloud, IA, cybersécurité) et les nouveaux modèles de revenus renforcent ce potentiel. Il est temps de permettre en Tunisie des solutions de paiement à l’internationale, entre autres PayPal offre de nombreux avantages, comme l’acceptation de paiements variés, des outils de facturation et de protection contre la fraude à l’internationale, etc. Et que fait la Tunisie : « Blocage des virements étrangers : les PME au cœur d’un contrôle aveugle », d’après Business News TN de cette semaine.
On pourrait faire sortir la Tunisie de l’impasse socio-économique en 12 mois, si seulement on m’écoutait.