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Quand le Japon s’efforce de séduire Trump en visite à Tokyo

La Première ministre japonaise Sanae Takaichi (à gauche) aux côtés du président américain Donald Trump qui prononce un discours devant le personnel de la marine américaine à bord du porte-avions USS George Washington, sur la base navale de Yokosuka, le 28 octobre 2025. (Photo de Philip FONG / AFP)

Boeuf américain, accords de coopération, soutien pour le Nobel… Tokyo n’a pas ménagé ses efforts mardi pour séduire Donald Trump lors de sa première rencontre avec la toute nouvelle Première ministre Sanae Takaichi.

La visite du président américain était un test diplomatique majeur pour Sanae Takaichi, en fonction depuis seulement une semaine.

« Âge d’or » et Nobel de la Paix

Les deux dirigeants ont d’emblée enchaîné les formules chaleureuses. « J’ai été très impressionnée et inspirée par vous », a lancé Mme Takaichi à M. Trump, avant d’appeler à « un nouvel âge d’or de l’alliance nippo-américaine« .

Selon la Maison Blanche, Mme Takaichi a annoncé lors de leur entretien son intention de recommander le dirigeant américain pour le prix Nobel de la Paix. Le prestigieux prix a été attribué le 10 octobre à la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado, en dépit d’une intense campagne menée par Donald Trump.

Photo par NICOLAS DATICHE/ POOL / ANADOLU / ANADOLU VIA AFP

Mme Takaichi a aussi salué les efforts de M. Trump en faveur d’un cessez-le-feu entre la Thaïlande et le Cambodge et sa « réussite sans précédent » avec l’accord sur Gaza.

Club de golf et mémoire de Shinzo Abe

Mme Takaichi dispose d’un atout dans son jeu : sa proximité avec l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe, son mentor, assassiné en 2022… et dont Donald Trump lui-même était devenu proche pendant son premier mandat.

Elle a ainsi remercié mardi le président américain pour son « amitié durable » avec M. Abe. Selon la presse nippone, Trump doit d’ailleurs rencontrer la veuve de Shinzo Abe.

Il s’est déjà vu offrir un club de golf ayant appartenu à l’ancien Premier ministre, ainsi qu’un sac de golf signé par le joueur nippon Hideki Matsuyama, a indiqué la Maison Blanche. La presse nippone fait aussi état, comme autre cadeau, d’une balle de golf plaquée or.

Ce sport était une passion partagée par M. Trump et M. Abe, qui se sont vus à plusieurs reprises sur des terrains de golf.

Boeuf américain au menu

Les menus d’un sommet ne laissent rien au hasard, mêlant raffinement gastronomique et subtilités diplomatiques. Pour le déjeuner, Tokyo a associé produits américains et ingrédients japonais.

En entrée, les invités ont dégusté un « risotto américain au fromage et au poulet » tandis que le plat principal était du boeuf américain, un « steak de contre-filet à la new-yorkaise », avec sauce et légumes chauds de Nara (sud du Japon).

De quoi plaire autant au président new-yorkais qu’à Mme Takaichi, originaire de Nara.

Pas vraiment des plats japonais traditionnels, mais élaborés pour répondre aux efforts de M. Trump visant à vendre davantage de produits agricoles au Japon et à soutenir les agriculteurs américains, segment électoral crucial pour lui.

Hausse des dépenses militaires

Le Japon, où environ 60.000 militaires américains sont stationnés, dépend largement des Etats-Unis pour sa sécurité.

Or M. Trump, qui avait jugé déséquilibré lors de son premier mandat le traité de sécurité entre les deux pays, souhaite que Tokyo paye bien davantage pour l’accueil des troupes américaines.

Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Mme Takaichi a pris les devants: dès vendredi devant le Parlement, elle a indiqué viser l’objectif de 2% du PIB pour les dépenses militaires dès l’exercice en cours (qui s’achèvera fin mars)… avec deux ans d’avance.

Le Japon s’était aussi engagé à acquérir des capacités de contre-attaque, notamment des missiles de croisière Tomahawk auprès des États-Unis, via un contrat signé en janvier 2024.

Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP
Terres rares et construction navale

Le Japon a signé mardi avec les Etats-Unis un accord-cadre pour « sécuriser » leurs approvisionnements de terres rares et minéraux critiques.

Le texte prévoit une coopération accrue et une mobilisation de capitaux pour soutenir l’exploitation minière et le traitement dans les deux pays, avec des mesures adoptées « dans les six mois » pour soutenir les projets prioritaires.

Cet accord intervient peu après l’annonce par la Chine de nouveaux contrôles sur l’exportation de terres rares et de technologies liées, au grand dam des Etats-Unis, du Japon et de l’Europe.

Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Alors que Pékin exerce un quasi-monopole sur ces métaux appelés « terres rares », essentiels pour le numérique, l’automobile, l’énergie ou encore l’armement, les Occidentaux cherchent activement à diversifier leurs sources d’approvisionnement.

Un autre accord de coopération doit être signé mardi entre Tokyo et Washington sur la construction navale: un secteur où le Japon se défend aux côtés de la Corée du Sud face à la domination chinoise –et dans lequel Washington s’efforce de rattraper son retard.

© Agence France-Presse

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Commentaire

  1. HatemC

    28 octobre 2025 | 11h59

    Il est très probable que la publication de cet article par BN soit motivée par une combinaison de facteurs, à la fois informatifs et peut-être aussi par un désir de susciter une réflexion ou un contraste au sein de l’opinion publique tunisienne. ;.. mais ne suscitera aucune réaction de la part des décideurs Tunisiens occupés à manger un Leblabi ou un keftegi … ou danser la danse du ventre …

    De la Realpolitik japonaise à l’irréalisme tunisien

    La scène diplomatique qui s’est jouée à Tokyo entre Donald Trump et la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi dépasse le simple cadre protocolaire. Derrière les sourires, les golf clubs et les toasts au bœuf américain, c’est une démonstration de stratégie nationale maîtrisée.
    Le Japon agit, anticipe et négocie avec une précision chirurgicale.
    Pendant ce temps, la Tunisie, engluée dans ses querelles idéologiques et ses postures héritées d’un autre siècle, regarde le monde changer sans y prendre part.

    À peine une semaine après sa prise de fonctions, Sanae Takaichi affiche ses priorités, renforcer la défense nationale, consolider l’alliance stratégique avec Washington, sécuriser les terres rares et les technologies critiques, tout en consolidant sa légitimité intérieure.
    En une seule rencontre, elle transforme la visite d’un président américain en un levier de puissance, accords miniers, coopération navale, hausse des dépenses militaires à 2 % du PIB.
    Le tout enveloppé dans un discours chaleureux et des symboles habilement choisis.
    C’est la Realpolitik au service de la sécurité et de l’économie.

    La Tunisie, elle, continue de confondre discours et action.
    Ses dirigeants préfèrent la posture à la stratégie, les slogans creux à la décision courageuse. Le pays s’accroche à une rhétorique anachronique puisée dans un panarabisme romantique et un marxisme-léninisme de musée.
    Pendant que les nations bâtissent leurs partenariats technologiques et redessinent leurs dépendances énergétiques, la Tunisie débat encore d’identité, de mémoire et de boucs émissaires.
    Elle se console dans la victimisation et l’invective au lieu de construire un projet national clair.