Le directeur commercial d’ESET Maghreb et Afrique francophone, Mohamed Amine Dahmani, a accordé une déclaration à Business News en marge de la 11ᵉ édition du Forum DSI. Il y souligne le rôle déterminant de l’intelligence artificielle dans la lutte contre les cybermenaces, tout en insistant sur la nécessité de préserver la place centrale de l’expert humain.
Présent à la 11ᵉ édition du Forum DSI, Mohamed Amine Dahmani a rappelé qu’ESET, éditeur historique de solutions de cybersécurité, participe à cet événement pour sensibiliser les entreprises aux risques numériques grandissants. « L’objectif est de renforcer la prise de conscience face aux cybermenaces, qui sont aujourd’hui de plus en plus sophistiquées et en constante évolution », a-t-il affirmé.
Selon lui, l’intelligence artificielle révolutionne la cybersécurité en permettant une surveillance continue et une analyse automatisée de millions de signaux. « Il n’est pas possible d’avoir des humains qui surveillent 24h sur 24 et sept jours sur sept. L’IA permet d’améliorer la détection, avec une réduction de 27% du coût de détection et une baisse de 40% des attaques », a-t-il précisé.
ESET, pionnier dans ce domaine, a intégré les réseaux neuronaux dès 1997. Ces systèmes d’apprentissage automatique ont permis à ses solutions d’évoluer vers des formes plus intelligentes d’analyse. Aujourd’hui, l’entreprise a franchi un nouveau cap avec un agent conversationnel IA, « comparable à ChatGPT mais orienté cybersécurité », capable d’expliquer les incidents détectés, de proposer des solutions et d’établir un plan d’action.
Toutefois, Mohamed Amine Dahmani avertit contre les usages malveillants de l’IA. « Des acteurs malintentionnés utilisent aussi cette technologie pour automatiser et sophistiquer leurs attaques », a-t-il déclaré à Business News. Le phishing en est l’exemple le plus frappant : grâce à l’IA, les courriels frauduleux deviennent plus crédibles, personnalisés et rédigés dans toutes les langues. Il a notamment cité le cas du Japon, désormais ciblé par ce type d’attaques alors qu’il en était auparavant largement épargné.
Sur la question du remplacement potentiel des experts humains, le directeur d’ESET écarte catégoriquement cette hypothèse. « L’intelligence artificielle reste une machine dépourvue de contexte. L’humain est indispensable pour interpréter les alertes, distinguer un comportement suspect d’un faux positif et éviter les décisions erronées », a-t-il expliqué. « L’intervention humaine demeure essentielle », illustre Mohamed Amine Dahmani. « Lorsqu’une solution de sécurité déclenche une alerte et bloque automatiquement un processus, c’est souvent à l’expert d’intervenir pour préciser qu’il s’agit d’une activité légitime faisant partie du fonctionnement normal de l’entreprise, afin d’éviter toute interruption inutile », a-t-il ajouté.
Enfin, Mohamed Amine Dahmani a insisté auprès de Business News sur les enjeux de confidentialité des données face à l’intégration de l’IA dans les solutions de cybersécurité dans les entreprises. « Il faut un cadre réglementaire clair pour éviter la compromission des informations sensibles », a-t-il averti, citant l’exemple de Samsung, dont des données internes ont été divulguées après un usage non encadré de ChatGPT. Il a appelé les États africains à adopter des réglementations spécifiques encadrant l’intelligence artificielle afin de garantir la sécurité numérique et la souveraineté des données.
M.B.Z










