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Jaouhar Ben Mbarek en grève de la faim sauvage : le corps comme dernier acte de résistance

La défense des détenus politiques dans l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État » a annoncé, mercredi 29 octobre 2025, que le militant et universitaire Jaouhar Ben Mbarek a entamé depuis minuit une grève de la faim sauvage, refusant non seulement de s’alimenter, mais aussi de boire et de prendre ses médicaments.

Selon le communiqué de la défense, cette décision extrême a été prise en signe de protestation contre ce que Jaouhar Ben Mbarek qualifie de « procès impossible », dénonçant l’absence des conditions les plus élémentaires d’un procès équitable. Le détenu estime qu’il est illusoire de réclamer la liberté auprès d’un pouvoir « qui ne la possède pas lui-même », et de demander la justice dans une affaire « où il n’existe aucun crime ».

Toujours selon la même source, Jaouhar Ben Mbarek souffre de tensions artérielles et présente les premiers signes de diabète, pour lesquels il suivait un traitement depuis une semaine à la prison de Belli (Nabeul). En décidant d’interrompre aussi la prise de ses médicaments, il expose sa santé à un risque grave.

La défense souligne que par cette grève, le détenu entend dénoncer une politique de lente élimination des opposants à travers la détention prolongée et les conditions de détention dégradantes. Elle estime que le but de ce procès est de « tuer les opposants lentement et en silence derrière les murs des prisons », tout en imposant un climat de peur destiné à consolider un régime autoritaire.

La défense tient le pouvoir politique pour directement responsable de la vie de Jaouhar Ben Mbarek, et renouvelle son appel à la libération immédiate de tous les détenus politiques poursuivis pour leurs opinions ou leur opposition pacifique au pouvoir en place.

Lundi 27 octobre 2025, la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme près la Cour d’appel de Tunis a rejeté la demande de la défense visant à revenir sur la décision d’organiser le procès à distance. La Cour a estimé qu’elle n’était pas compétente pour se prononcer sur ce point, tout en refusant également les demandes de libération des détenus.

Le bâtonnier Boubaker Bethabet a, pour sa part, dénoncé les conditions du procès et refusé de se soumettre aux « règles du jeu » imposées par le régime, rappelant que les accusés doivent être présents physiquement à leur procès et que les audiences doivent rester publiques et accessibles à la presse. La défense a ainsi décidé de ne pas présenter de déclarations de représentation tant que ces irrégularités ne seront pas levées.

La journée d’audience a été marquée par une forte tension : familles, journalistes et observateurs ont été empêchés d’accéder à la salle d’audience, provoquant une vive indignation face à ce qui s’apparente à une violation du principe de publicité des débats judiciaires. Le procès a été renvoyé au 17 novembre prochain, le temps de convoquer les prévenus laissés en liberté et d’examiner les requêtes procédurales.

R.B.H

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