La militante et journaliste Naziha Rjiba a tiré la sonnette d’alarme après la propagation, ces derniers jours, de messages « d’une vulgarité et d’une bestialité » visant des opposants politiques et leurs proches.
Dans un message partagé sur son compte, elle appelle à archiver ces publications et à garder les preuves en vue de poursuites éventuelles : « les afficher, les archiver en attendant qu’ils rendent compte », écrit-elle, dénonçant la normalisation d’un climat où « tout le monde lâche ses chiens » sur les réseaux.

Ce phénomène ne se limite plus aux publications sur Facebook ou Twitter : un article insultant et dégradant visant des figures de l’opposition a été publié, cette semaine, dans les colonnes du quotidien public La Presse, franchissant ainsi la ligne entre calomnie en ligne et relais dans les médias institutionnels. La diffusion de ce texte a provoqué une vague d’indignation et renforcé l’impression d’une campagne structurée visant à stigmatiser et à délégitimer les voix dissidentes.
Les observateurs et militants soulignent que la logique est désormais clairement politique : les attaques personnelles, les humiliations publiques et les insinuations calomnieuses sont mobilisées pour isoler des responsables de partis et des figures médiatiques critiques.
Cette dynamique s’accompagne d’un double discours judiciaire et politique qui alimente le sentiment d’injustice parmi les opposants : d’un côté, des responsables et militants de l’opposition sont poursuivis ou menacés de poursuites pour des écarts, parfois mineurs ; de l’autre, des acteurs proches du pouvoir paraissent agir en quasi-impunité, protégés par des relais médiatiques et par l’absence de sanction effective contre les campagnes de diffamation à leur encontre.
Plusieurs organisations et journalistes rappellent que la répression judiciaire frappe fréquemment les voix dissidentes alors que les campagnes publiques d’insulte émanant des milieux pro-pouvoir restent largement exemptes de poursuites.
S.H










