Heure de Tunis :
Plus de prévisions: Meteo 25 jours Paris
Light
Dark

Programme de location-vente : Jalel Mziou salue l’initiative, mais alerte sur ses zones d’ombre

Par Myriam Ben Zineb

Le vice-président de la Chambre nationale des promoteurs immobiliers, Jalel Mziou, a salué, mercredi 29 octobre 2025 sur les ondes de Mosaïque FM, l’initiative présidentielle visant à instaurer une formule de location avec option d’achat pour les logements sociaux. Tout en reconnaissant la noblesse de l’objectif, il a exprimé de sérieuses réserves quant à la faisabilité économique et technique du dispositif dans sa forme actuelle.

Selon Jalel Mziou, le principe est louable : permettre à une famille de louer un logement et d’en devenir propriétaire à la fin d’une période déterminée. « C’est une initiative exceptionnelle du président de la République, parce qu’elle part d’une intention noble : offrir un toit à ceux qui en ont besoin ». Mais il s’interroge sur la capacité du dispositif à produire des résultats tangibles à grande échelle.

Le projet serait confié exclusivement à la Société nationale immobilière de Tunisie (Snit) et à la Société de promotion des logements sociaux (Sprols), deux structures publiques aux moyens limités. « On parle d’un millier d’unités, alors que les demandes se comptent par dizaines de milliers. La Snit et la Sprols n’ont ni les moyens financiers ni les ressources humaines pour répondre à cette demande massive » a noté le responsable, plaidant pour une ouverture au secteur privé.

Jalel Mziou estime que les 3.000 promoteurs agréés en Tunisie pourraient contribuer efficacement au programme. « Les promoteurs publics construisent plus cher et plus lentement. Le privé, lui, peut édifier des logements de qualité à moindre coût, en cinq ans au maximum, contre parfois vingt ans pour le public » a-t-il souligné.

Sur le plan financier, le vice-président a pointé plusieurs zones d’ombre. La location-vente équivaut, dans les faits, à un crédit sans taux d’intérêt. « Si les banques ne sont pas impliquées, c’est l’État qui devra supporter la différence, et cela représente des montants colossaux sur vingt ans » a-t-il averti, redoutant que le financement ne soit prélevé sur les ressources du Foprolos, au risque de fragiliser ce mécanisme alimenté par les cotisations des salariés.

Le professionnel s’interroge aussi sur la gestion des impayés. « Que se passera-t-il si une famille cesse de payer avant la fin de la période ? Le logement sera-t-il repris, reloué, ou remis sur le marché ? Comment protéger à la fois les droits des bénéficiaires et les équilibres financiers du programme ? ».

Pour Jalel Mziou, le succès du projet passe par une concertation réelle entre l’État, les promoteurs privés et les institutions financières. Il déplore à ce titre le manque de dialogue. « Cela fait des années qu’aucun ministre ne nous a consultés. Pourtant, nous disposons d’études, de statistiques et de propositions concrètes. Tout est documenté, mais jamais discuté » avait-t-il regretté, dans une ancienne déclaration.

Il avait alors rappelé que la Chambre nationale des promoteurs immobiliers avait déjà soumis un plan “logement pour tous les Tunisiens”, basé sur un taux fixe de 3 % et une durée de remboursement pouvant atteindre quarante ans. Ce projet, validé par un bureau d’études et transmis à la présidence du gouvernement, au ministère de l’Équipement et à la Banque centrale, permettrait de financer entre 4.000 et 8.000 logements par an sans alourdir le budget de l’État.

Enfin, Jalel Mziou a insisté sur la nécessité d’une vision inclusive du logement, englobant les ménages à revenus faibles comme la classe moyenne. « Cette initiative semble destinée uniquement aux plus modestes, alors que la classe moyenne, qui représente près de 60 % de la population, souffre, elle aussi, d’un accès restreint à la propriété » a-t-il déclaré.

Et de conclure : « Le promoteur n’est pas un spéculateur, mais un acteur essentiel du développement économique. Nous voulons tous que les jeunes puissent avoir un toit, rester dans ce pays et y construire leur avenir. Ce programme peut devenir un levier économique puissant s’il est conçu avec rigueur, transparence et équité ».

M.B.Z

Subscribe to Our Newsletter

Keep in touch with our news & offers