Le bureau exécutif national de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a exprimé, dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion du mardi 28 octobre 2025, son rejet catégorique de la décision de suspendre les activités du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) pour une durée d’un mois.
Selon la centrale syndicale, cette mesure s’inscrit dans « une série de décisions injustes » visant plusieurs associations sous couvert du décret-loi n°88 relatif aux associations.
« Une fois de plus, le pouvoir s’en prend à un acteur vivant et actif de la société civile en décidant de suspendre les activités du Forum tunisien des droits économiques et sociaux pour un mois », a dénoncé l’UGTT, estimant qu’il s’agit d’une nouvelle tentative de « museler les voix libres et d’étouffer le champ civil indépendant ».
L’organisation syndicale a affirmé son soutien absolu au FTDES, à ses militantes, militants et collaborateurs, saluant son rôle dans la production d’études et d’analyses et dans la défense des droits économiques et sociaux, en particulier ceux des catégories marginalisées dans les villes et les zones rurales.
Le bureau exécutif national a qualifié cette décision de nouvelle atteinte aux libertés associatives, estimant qu’elle vise à « empêcher la libre expression et à réduire au silence toutes les forces défendant les valeurs de liberté, de justice et de dignité ».
Il a également réaffirmé le droit des associations à exercer leurs activités dans le respect de la loi, appelant les autorités à cesser les mesures arbitraires et à « renoncer à l’interprétation abusive du cadre juridique à des fins de répression ».
Enfin, l’UGTT a condamné fermement les campagnes de dénigrement cherchant à criminaliser le travail civil bénévole, avertissant qu’elles ne conduisent qu’à « l’appauvrissement de l’espace public et à son monopole par le pouvoir ».
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) avait annoncé, lundi, avoir reçu une notification officielle lui signifiant la suspension de ses activités pour un mois.
Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, le porte-parole du Forum, Romdhane Ben Amor, a précisé que cette décision lui avait été communiquée via une formule administrative standardisée, similaire à celle utilisée récemment contre d’autres associations.
Tout en affirmant le respect du FTDES des dispositions légales, Romdhane Ben Amor avait dénoncé « une nouvelle étape dans le processus d’étouffement de l’espace civil indépendant » et un « effort acharné pour faire taire les voix libres attachées aux valeurs de justice et de dignité ».
Le responsable avait rappelé que depuis avril 2025, le Forum subissait des contrôles financiers et fiscaux répétés, qu’il qualifiait de « pressions continues visant à affaiblir les acteurs associatifs indépendants ».
« Ce qui se passe aujourd’hui – et ce qui pourrait arriver demain – ne nous fera ni reculer ni taire », avait déclaré le FTDES, réitérant son engagement en faveur des luttes sociales et des droits humains.
Le Forum, connu pour son travail en faveur des migrants, des travailleurs précaires et des mouvements sociaux, avait également annoncé son intention de contester la décision, tout en respectant la suspension imposée.
Le 24 octobre 2025, une mesure similaire avait été notifiée à l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), dont les activités ont été suspendues pour un mois pour des « manquements » au décret-loi n°88. L’ATFD avait jugé cette décision « injustifiée et arbitraire ».
M.B.Z












