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L’huile d’olive tunisienne mérite mieux : Zayani réclame une agence pour booster les exportations

Invité ce jeudi 30 octobre dans l’émission Yaoum Saïd animée par Nabila Abid sur la radio nationale, l’expert en politiques agricoles et président de l’Association « Tunis Zaytouna », Faouzi Zayani, a lancé un appel appuyé à la création d’une agence nationale du commerce extérieur. Cette structure, a-t-il expliqué, devrait regrouper l’ensemble des exportateurs et des institutions concernées afin d’assurer une gestion cohérente et durable des exportations tunisiennes, en particulier celles de l’huile d’olive fleuron du patrimoine agricole du pays.

Selon M. Zayani, une telle agence permettrait de mieux coordonner la promotion internationale du produit, de renforcer sa valorisation et d’ouvrir la voie à de nouveaux marchés émergents tels que le Brésil, la Chine, l’Inde ou encore le Nigeria. L’expert a notamment rappelé que le Brésil a supprimé les droits de douane sur les importations d’huile d’olive tunisienne, une décision qui, selon lui, doit être exploitée par une présence commerciale durable sur place. « Il est urgent de consolider notre position avant que d’autres producteurs ne s’y installent », a-t-il averti.

Zayani a également mis en avant les succès internationaux du secteur. La Tunisie récolte chaque année jusqu’à 300 médailles dans les concours mondiaux et occupe la deuxième place mondiale des exportations d’huile d’olive, un atout qu’il estime sous-exploité en matière de marketing et de diplomatie économique.

Ces déclarations interviennent alors que les chiffres de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri) confirment une année exceptionnelle pour l’huile d’olive tunisienne. Entre novembre 2024 et septembre 2025, les exportations ont atteint 268.600 tonnes, soit une hausse de 41 % par rapport à la campagne précédente. L’huile conditionnée continue sa progression et représente désormais 15,1 % du total exporté, tandis que l’huile biologique atteint 50.900 tonnes, pour une valeur de 714 millions de dinars.

Les principaux marchés demeurent l’Espagne, l’Italie et les États-Unis, qui à eux trois absorbent plus de 70 % des ventes. Mais les professionnels du secteur appellent à une diversification des débouchés, condition indispensable à la stabilité du marché.

Lundi 27 octobre, Najah Saidi Hamed, présidente de la Chambre nationale des producteurs d’olives, avait déjà plaidé pour une stratégie nationale intégrée afin de protéger les agriculteurs et valoriser la filière. Alors que la campagne 2025-2026 s’annonce prometteuse, avec une récolte estimée à 500.000 tonnes, elle a souligné les risques d’un effondrement des prix si des mesures d’accompagnement ne sont pas mises en place.

« En Tunisie, 500.000 familles vivent directement de l’oléiculture », a-t-elle rappelé, appelant les autorités à soutenir les producteurs, à améliorer les capacités de stockage et à faciliter l’accès au crédit. La conjoncture internationale est favorable : la baisse de la production espagnole propulse la Tunisie au deuxième rang mondial, une position stratégique qu’il s’agit désormais de consolider par des politiques cohérentes et une gouvernance unifiée du secteur.

R.A.

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Commentaire

  1. HatemC

    30 octobre 2025 | 11h28

    Une proposition stratégique mais incomplète

    L’idée d’une agence nationale du commerce extérieur est pertinente dans un pays où les exportations agricoles restent dispersées entre ministères, offices et chambres syndicales souvent déconnectées les unes des autres.
    Mais sans vision industrielle et de marque, cette STRUCTURE RISQUERAIT DE DEVENIR UN nième ORGANISME ADMINISTRATIF, bon à produire des rapports, pas à créer de la valeur.

    Le vrai défi c’est de passer du « VRAC » au « LABEL »
    Aujourd’hui, près de 85 % de l’huile tunisienne est vendue en vrac à des embouteilleurs espagnols et italiens, qui la réexportent ensuite sous leurs marques avec une plus-value de +200 à +400 %.

    Tant que la Tunisie ne maîtrisera pas la chaîne de valeur (mise en bouteille, packaging, certification, storytelling), elle restera le fournisseur anonyme du Sud.

    D’où la nécessité de créer :
    une AOP nationale ou plusieurs labels régionaux : Sahel, Sfax, Zaghouan, Béja) ;
    un label qualité export, certifié et contrôlé, garantissant traçabilité, origine et méthodes de production.

    Rôle des AMBASSADES
    Les ambassades tunisiennes doivent cesser d’être de simples chancelleries administratives.
    Elles peuvent devenir des agences d’influence économique, ORGANISER des “Semaines de l’huile d’olive tunisienne” dans les capitales stratégiques, FAIRE de l’huile d’olive un produit d’image nationale, au même titre que le VIN POUR LA FRANCE ou LE CAFE POUR LA COLOMBIE.

    La Tunisie exporte aujourd’hui des tonnes d’huile, mais aucune histoire. Or, à l’ère du storytelling global, C’EST L’HISTOIRE QUI VEND, PAS LA MATIERE PREMIERE.