Deux écoles primaires de Sidi Bouzid ont été la cible d’actes criminels en début de semaine. Les établissements Taïeb Mhiri et Rue de la République ont été vandalisés et incendiés dans des circonstances similaires, à un jour d’intervalle, en pleine période de vacances scolaires.
Le directeur de l’école Taïeb Mhiri, Romdhane Ben Mohamed Omri, a indiqué, jeudi 30 octobre 2025, sur Jawhara FM, qu’en arrivant sur les lieux, lundi au matin, il a trouvé la porte principale fracturée et des traces d’effraction au niveau des fenêtres. « Les auteurs ont pénétré dans plusieurs salles avant d’incendier une armoire métallique encastrée dans le mur. Une seconde, en bois, a également été visée, mais les flammes ne se sont pas propagées », a-t-il expliqué.
Les armoires ne contenaient ni argent ni documents administratifs, mais des projets et travaux d’élèves. « C’est un acte gratuit et incompréhensible », a ajouté le responsable, précisant qu’un court-circuit provoqué par le feu a coupé l’électricité de tout l’établissement et que des réparations importantes sont nécessaires.
L’école de la Rue de la République, située juste en face, avait subi une attaque similaire la veille, dans la nuit du 27 octobre. Selon Romdhane Ben Mohamed Omri, « un individu ou un groupe d’individus s’est introduit dans les salles et y a mis le feu ». Une troisième école de la région aurait également été la cible de jets de pierres, sans dégâts majeurs.
Les premières investigations indiquent que ces actes ne proviendraient pas de l’intérieur des établissements. Les autorités locales, les services de sécurité et la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg) sont intervenus rapidement pour réparer les installations et sécuriser les lieux. Un agent de surveillance nocturne a depuis été affecté à chaque école de la zone.
Les cours devraient reprendre normalement après les vacances.
M.B.Z
2 commentaires
HatemC
Le risque d’un “Afghanistan éducatif”
Ce qui détruit l’éducation tunisienne aujourd’hui n’est pas seulement la main invisible d’extrémistes :
c’est l’indifférence collective.
Des écoles délabrées, des enseignants démoralisés, des enfants démotivés, des ministères impuissants.
On construit plus vite une mosquée qu’une bibliothèque ; on réforme plus volontiers un code moral qu’un programme scolaire.
Dans ce contexte, les actes de vandalisme contre l’école sont la métaphore d’un effondrement moral :
on n’incendie pas seulement un bâtiment, on incendie l’idée même d’avenir.
Toutefois, je suis en droit de le penser, Historiquement, il est vrai que les mouvements extrémistes — salafistes ou djihadistes — ont souvent cherché à délégitimer l’école républicaine, perçue comme occidentalisée, laïque, voire “impure”.
Ils s’en prennent à l’éducation mixte, aux enseignantes, aux manuels de sciences ou de philosophie.
Cette idéologie anti-savoir existe bel et bien dans certaines franges radicalisées, et elle nourrit une méfiance culturelle envers la modernité et la connaissance.
HatemC
Brûler une école, c’est brûler l’avenir
Ces incendies ne sont pas seulement criminels.
Ils sont le miroir d’un échec collectif : celui d’une société qui a cessé de croire que l’école pouvait encore changer le destin.
C’est l’ignorance érigée en modèle, la passivité face à la régression et le vide culturel qu’on laisse s’installer qui détruit l’éducation