La blogueuse et photographe tunisienne Rym Thabti a réitéré, ce vendredi 31 octobre 2025, son appel à un démantèlement complet des unités polluantes du Groupe chimique tunisien, estimant que « Gabès vit aujourd’hui sous une forme d’occupation environnementale ».
Invitée dans l’émission Sabah El Ward sur Jawhara FM, l’activiste a rappelé que la marche du 21 octobre, qui avait rassemblé plus de 130.000 habitants, « n’a donné lieu à aucune décision concrète ». « Le silence des autorités a profondément choqué les habitants. Les structures locales n’ont ni les moyens ni le pouvoir d’agir, seule une décision présidentielle ou gouvernementale peut mettre fin à ce drame écologique », a-t-elle déclaré.
Rym Thabti a annoncé la tenue d’une nouvelle marche pacifique ce vendredi, reliant Jara à El-Nazla, deux quartiers particulièrement exposés à la pollution. « Ce choix est symbolique. De nombreuses familles y vivent dans des conditions invivables, certaines ont perdu des proches à cause du cancer ou de maladies respiratoires. Nous n’irons pas au Groupe chimique qui est à proximité », a-t-elle affirmé, tout en appelant à ne pas céder aux rumeurs circulant en ligne.
Elle a salué la mobilisation exemplaire des habitants lors de la précédente manifestation, la qualifiant de « révolution environnementale pacifique inédite dans le monde ». « Aucun incident, aucune dégradation n’a été enregistrée. Gabès a montré une image digne et responsable, c’est même émouvant », a-t-elle souligné.
La militante a également confirmé que des propositions de coopération avec des partenaires étrangers, notamment chinois, ont été évoquées pour transformer le complexe chimique en site industriel propre. « Des investisseurs ont présenté des solutions écologiques et rencontré les autorités tunisiennes. Nous espérons que ces pistes aboutiront », a-t-elle ajouté.
Enfin, Rym Thabti a rappelé le potentiel perdu de la région : « Gabès était autrefois un paradis : mer poissonneuse, terres fertiles, vie saine. Aujourd’hui, tout est jauni, stérile et malade. Mais nous croyons encore qu’un autre avenir est possible si les décisions courageuses sont enfin prises ».
Gabès connaît depuis plusieurs semaines une mobilisation écologique sans précédent. Le 21 octobre, une marche qualifiée d’historique par les observateurs avait réuni des milliers de personnes, venues dénoncer la pollution industrielle causée par le Groupe chimique tunisien et exiger le démantèlement des unités polluantes.
Cette marche avait été accompagnée d’une grève générale dans le gouvernorat, soutenue par de nombreuses organisations locales et nationales. Depuis, les habitants poursuivent leurs actions pacifiques, réclamant des mesures concrètes pour protéger leur santé et restaurer l’écosystème de la région.
Malgré les promesses officielles, aucune décision gouvernementale n’a encore été annoncée concernant la fermeture ou le transfert des installations polluantes. Un silence que déplorent les habitants de Gabès, se sentant « méprisés et ignorés » surtout que les émissions du Groupe se poursuivent et d’une intensité que les militants qualifient d’« inédites ».
M.B.Z













