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Aux portes de la mairie de New York : qui est Zohran Mamdani ?

Le candidat à la mairie de New York, Zohran Mamdani (au centre), serre la main du sénateur Bernie Sanders et de la représentante Alexandria Ocasio-Cortez / Octobre 2025 - Photo d'ANGELA WEISS / AFP

Largement inconnu du grand public il y a encore quelques mois, Zohran Mamdani, élu local de l’aile gauche du Parti démocrate, s’impose désormais comme le favori de la course à la mairie de New York. À 34 ans, il pourrait devenir l’un des plus jeunes maires de l’histoire de la ville et le premier musulman à occuper ce poste. Depuis sa victoire surprise à la primaire démocrate en juin, son visage barbu et souriant s’est imposé dans le paysage médiatique américain. Dans le métro comme sur les réseaux, les New-Yorkais croisent désormais ses affiches colorées et les badges de ses jeunes partisans.


Né à Kampala, en Ouganda, dans une famille d’origine indienne, Zohran Mamdani a grandi aux États-Unis, où il s’est installé à l’âge de sept ans avant d’être naturalisé en 2018. Il est le fils de la réalisatrice Mira Nair, récompensée à Cannes et à Venise, et du professeur Mahmood Mamdani, universitaire reconnu à Columbia. Diplômé du Bronx High School of Science et du Bowdoin College, il a d’abord tenté une carrière artistique sous le pseudonyme de Young Cardamom avant de se tourner vers le militantisme et la politique. Il commence comme conseiller en prévention des saisies immobilières, venant en aide aux propriétaires modestes menacés d’expulsion.


C’est dans le quartier d’Astoria, dans le Queens, qu’il s’impose en 2020 comme représentant à l’Assemblée de l’État de New York. Réélu deux fois, il s’est forgé l’image d’un élu de terrain, musulman progressiste, présent aussi bien aux marches des fiertés qu’aux ruptures du jeûne de l’Aïd. Son programme repose sur une idée centrale : rendre New York « abordable » pour tous, avec davantage de loyers encadrés, des crèches gratuites et des épiceries de quartier gérées par la ville. Farouche défenseur de la cause palestinienne, il a qualifié Israël de « régime d’apartheid » et dénoncé la guerre à Gaza comme un « génocide », des positions qui lui valent l’hostilité d’une partie de la communauté juive. Il insiste cependant sur la nécessité de lutter contre l’antisémitisme et promet d’augmenter les moyens dédiés à la lutte contre les crimes haineux.


Face à Andrew Cuomo, ancien gouverneur contraint à la démission en 2021, Mamdani a remporté la primaire démocrate avec 43 % des voix contre 36 %, selon les résultats quasi définitifs. Cette victoire marque, pour de nombreux observateurs, un tournant politique. Pour Costas Panagopoulos, professeur à la Northeastern University, « il a su rallier les électeurs frustrés par le statu quo, ceux qui estiment que l’establishment ignore leurs priorités ». Zohran Mamdani a mené une campagne innovante, mêlant porte-à-porte à l’ancienne et communication numérique humoristique et multilingue. Ses vidéos en ourdou ou en espagnol et ses clins d’œil à Bollywood ont conquis un électorat jeune et diversifié.


Marié à l’illustratrice américano-syrienne Rama Duwaji, il incarne cette nouvelle génération de responsables politiques ancrés dans la diversité culturelle et le progressisme social. Souvent victime de menaces islamophobes, il fait de son expérience une force militante. « Se tenir debout en tant que musulman dans l’espace public, c’est parfois sacrifier la sécurité qu’offrent les ombres », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement. « Ce soir, nous avons écrit l’histoire », a-t-il lancé à ses partisans après l’annonce des résultats. S’il l’emporte, Zohran Mamdani deviendra le premier maire musulman et sud-asiatique de New York, symbole d’un basculement générationnel et d’un nouvel élan pour une ville en quête de renouveau politique et social.

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