Au vu de l’attitude qu’a eue Mme Michket Slama Khaldi à l’égard de la Commission des finances et du budget de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) durant la prérentrée parlementaire, toute en désinvolture, on pouvait craindre que la discussion entre la ministre des Finances et les membres de la Commission ne tourne rapidement au vinaigre. Apparemment, les membres de la Commission des finances et du budget ont choisi la manière douce pour malmener la ministre des Finances. Au niveau de l’ordre du jour des deux réunions qui ont eu lieu les 23 et 28 octobre 2025. Les députés ont signifié à la ministre qu’il était hors de question de débattre du projet de Loi de finances et de projet de budget de l’État pour l’exercice 2026, sans avoir au préalable un état d’avancement dans l’exécution du budget en cours et des estimations en année pleine des différentes rubriques de recettes et de dépenses du budget de l’État. Plus encore, les membres de la Commission ont demandé également une évaluation de l’impact des diverses dispositions contenues dans la Loi de finances 2025, sachant que plusieurs d’entre elles n’ont même pas connu un début de réalisation. Autrement dit, il lui était demandé de rendre des comptes sur sa gestion des finances publiques en 2025 avant d’aborder 2026.
Remettre de l’ordre dans le processus budgétaire
Une approche logique, somme toute, des députés qui auraient pu demander dans la foulée les raisons qui ont amené le ministère des Finances à se passer d’un projet de Loi de finances complémentaire. Et une pénible épreuve pour la ministre des Finances.
Est-ce que les députés ont été convaincus par les réponses de Michket Slama Khaldi ? Le compte rendu des deux réunions précitées, publié sur le site de l’ARP, n’en fait pas état et ne fournit pas dans le détail les estimations de recettes et de dépenses de l’État pour toute l’année 2025. À tel enseigne qu’il n’est pas possible de dégager d’éventuels écarts entre les prévisions budgétaires initiales et les estimations budgétaires finales, ni de pouvoir procéder à une lecture comparative fine entre le budget 2025 actualisé et le projet de budget de l’État pour 2026.
En tout cas, le projet de budget de l’État pour le prochain exercice n’est pas pour régler l’évolution chaotique des finances publiques reflétant des choix qui tiennent plus de la fuite en avant plus que d’une stabilisation.
Le solde primaire du budget accuserait un déficit d’environ 4,2 milliards de dinars (Mds de dinars). Autrement dit, les ressources propres du budget ne suffiront pas à combler les dépenses courantes hors les intérêts de la dette et le solde global afficherait un déficit de 11,4 Mds de dinars contre 9,6 Mds de dinars de déficit estimés et 10,2 Mds de dinars fixés initialement par la Loi de finances 2025.
Une gestion budgétaire chaotique
L’année prochaine, l’État empruntera près de 26 Mds de dinars pour un budget d’investissement public qui atteindra à peine 6,5 Mds de dinars. Et ce n’est pas tout. En 2026, la pression fiscale devrait atteindre 25,3% contre 24,7% prévu en 2025 par la Loi de finances. Asseoir l’État social par un recours à l’endettement n’est pas une solution. Tout comme accroître la pression en espérant dynamiser l’investissement.
Mais le plus périlleux est ailleurs car on est en train d’hypothéquer l’avenir des jeunes générations qui, déjà, peinent à se frayer une place au sein de cet écosystème. L’encours de la dette ne cesse de progresser entrainant dans son sillage un gonflement des charges de la dette publique. De 5,8 Mds de dinars en 2023, l’intérêt de la dette est passée à 6,3 milliards en 2024 et 6,5 milliards selon la Loi de finances 2025 pour atteindre 7,2 Mds de dinars en 2026. Et le flot ne semble pas s’arrêter de si tôt.
Sur ce sujet, ni les députés, ni la ministre des Finances n’ont été loquaces. Pourtant, la dette est le plus important défi qui se pose au pays et se posera avec plus d’acuité dans l’avenir si rien n’est entrepris pour y mettre un terme, à tout le moins le contenir.











2 commentaires
zaghouan2040
Endettement tout azimut sans garde-fous
Le régime massacré l’avenir des générations futures
Il met en péril notre souveraineté notre cohésion sociale et même l’avenir du pays tout court
1/3i
S’il vous plaît…
Exprimez vous en dinars… En le précisant ..
On ne sait jamais si ce sont des dinars.. ou des millimes…
La monnaie tunisienne est précise. C’est le dinars, qui vaut 1000 millimes