La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a annoncé, dans un communiqué publié vendredi 7 novembre 2025, qu’une délégation de l’organisation s’est rendue à la prison civile de Belli, dans le gouvernorat de Nabeul, accompagnée d’un médecin, dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d’accord signé avec le ministère de la Justice.
Au cours de cette visite, la délégation a rencontré le membre du Front de salut Jaouhar Ben Mbarek, en grève de la faim depuis neuf jours. Selon le communiqué, les membres de la délégation ont constaté une détérioration préoccupante de son état de santé.
Malgré les tentatives répétées du médecin et des représentants de la Ligue pour le convaincre de suspendre sa grève ou de consommer un peu d’eau et de sucre, Jaouhar Ben Mbarek a catégoriquement refusé, réaffirmant sa détermination à poursuivre son mouvement jusqu’à la levée de l’injustice dont il se dit victime.
La LTDH a réaffirmé sa volonté de suivre de près la situation dans les prisons tunisiennes, y compris celle des détenus politiques, et de poursuivre ses efforts pour convaincre Jaouhar Ben Mbarek de mettre fin à sa grève, qualifiée de « moyen de lutte extrême » susceptible d’entraîner de graves conséquences physiques et de mettre sa vie en danger.
Une santé en dégradation rapide
L’avocat Karim Marzouki, après une visite à la prison de Belli, jeudi 6 novembre, a confirmé que l’état de Jaouhar Ben Mbarek est désormais très affaibli, voire critique. Le détenu ne s’alimente plus, ne boit plus et refuse tout traitement médical. Selon ses proches, il aurait déclaré : « Ma décision est définitive, il n’y aura pas de retour en arrière. J’aime la vie, mais j’aime la vie qui a un sens, pas une vie absurde. »
Mobilisation et tensions
Cette situation a suscité une vague d’émotion. Un rassemblement de solidarité a eu lieu vendredi 7 novembre devant la prison de Belli, rassemblant une centaine de personnes. Malgré les tensions avec les forces de l’ordre, les proches et militants ont exprimé leur soutien à Jaouhar Ben Mbarek.
Son père, Ezzeddine Hazgui, très ému, a été soutenu par la foule. Sa sœur, Dalila Ben Mbarek Msaddek, a réaffirmé la détermination de son frère : « Je sortirai de cette prison, soit libre, soit mort. » lui a-t-il dit.
Réponse officielle et contestation
Le Comité général des prisons et de la rééducation a formellement démenti dans un communiqué le 5 novembre la gravité de la situation, affirmant que la santé des détenus concernés est « normale et stable » selon les examens médicaux quotidiens. Il a également accusé certains grévistes de continuer à s’alimenter, remettant en question la véracité des informations.
Le Comité a appelé à préserver l’institution pénitentiaire de toute polémique et annoncé des poursuites contre ceux diffusant de fausses informations.
Soutien politique et nouvelles grèves
En solidarité avec Jaouhar Ben Mbarek, Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, et Issam Chebbi, secrétaire général du parti Al Joumhouri, ont annoncé ce vendredi 7 novembre l’entame d’une grève de la faim ouverte.
Appels à la fin de la grève
L’avocat Samir Dilou a alerté sur la situation « extrêmement critique » de Jaouhar Ben Mbarek, proche de la mort selon ses dires. Son père Ezzeddine Hazgui accuse les autorités d’en être directement responsables, qualifiant cette grève d’« acte de résistance politique ».
Plusieurs personnalités, dont le journaliste Zied El Heni, ont lancé un appel poignant à Jaouhar Ben Mbarek pour qu’il reprenne des forces : « Ton combat n’est pas terminé. Debout, c’est ainsi que tu les affrontes. »
S.H











