L’épouse de Mondher Ounissi, Rahma Abidi, a publié, vendredi 7 novembre 2025, un témoignage sur les réseaux sociaux. Elle y affirme que son mari, détenu à la prison de la Mornaguia, a été privé de visites pendant deux semaines en guise de sanction. Elle raconte s’être présentée au parloir avant d’être informée par un agent pénitentiaire qu’elle n’était pas autorisée à le voir, évoquant une « punition » décidée à l’encontre du prisonnier.
Dans son message, elle décrit la détresse, la lassitude et l’impression d’« avancer avec un cœur vidé », face à ce qu’elle considère comme une épreuve qui dépasse désormais les mots.
Ce témoignage intervient dans un contexte déjà tendu autour des conditions de détention de Mondher Ounissi.
La défense du dirigeant du mouvement Ennahdha avait dénoncé, le 9 septembre 2025, un incident grave survenu à la prison de la Mornaguia. Selon ses avocats, Mondher Ounissi aurait été victime d’agressions verbales et physiques de la part d’un agent pénitentiaire, après avoir refusé d’embarquer dans le véhicule de transfert surnommé par les détenus « la voiture de torture ». Ce fourgon serait utilisé pour transporter certains prisonniers dans des conditions jugées inhumaines.
Le comité de défense avait affirmé que l’agent concerné lui aurait porté plusieurs coups de poing et de pied tout en proférant des insultes. Informés de l’affaire, deux membres de la défense avaient été assurés qu’une enquête administrative avait été ouverte et que le parquet de la Manouba avait été saisi.
Dans un communiqué, le comité avait dénoncé une « violation grave » des droits d’un détenu et mis en garde contre le retour de pratiques enracinées sous les régimes autoritaires. Il avait également exprimé son étonnement quant à l’absence d’expertise médicale officielle pour constater les lésions.
Mondher Ounissi est incarcéré depuis le 5 septembre 2023 dans le cadre de l’affaire dite du « complot 2 », liée à la diffusion d’enregistrements audio à l’automne 2023, dans lesquels il évoquait des échanges internes au mouvement Ennahdha et critiquait certaines figures dirigeantes.
Son nom est également cité dans l’affaire de la mort de Jilani Daboussi, en sa qualité de médecin. Un mandat de dépôt avait été émis contre lui en mai 2024.
M.B.Z
